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Ankara et Bagdad comptent sur l'économie pour apaiser leurs tensions


Samedi 8 mars 2008 à 16h00

ANKARA, 8 mars 2008 (AFP) — Responsables turcs et irakiens ont affirmé samedi à Ankara leur volonté de développer leurs relations économiques pour tourner la page des tensions suscitées le mois dernier par une opération militaire turque contre les rebelles kurdes dans le nord de l'Irak.

"Notre principal objectif avec cette visite est d'avoir une relation stratégique durable avec la Turquie sur tous les plans: économique, commercial, pétrolier, politique, culturel...", a déclaré le président irakien Jalal Talabani au deuxième et dernier jour d'une visite à Ankara.

Devant un parterre d'homme d'affaires, M. Talabani, qui faisait sa première visite en Turquie en qualité de chef d'Etat, a appelé les entrepreneurs turcs à investir massivement en Irak.

"Je peux vous assurer que vous bénéficierez de toutes sortes d'aides en Irak, aussi bien au Kurdistan irakien que dans le sud, à Bagdad", a-t-il affirmé, indiquant que son ministre des Finances "disposait de plus de 25 milliards de dollars pour des investissements et des projets stratégiques".

"Nous sommes anxieux d'avoir nos amis turcs en Irak pour plusieurs raisons d'intérêt mutuel. Je pense que vous comprenez que le peuple irakien considère le peuple turc comme un peuple et un pays frères", a-t-il ajouté.

Les déclarations de M. Talabani surviennent alors que l'armée turque a mené le mois dernier une offensive militaire d'une semaine contre les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) retranchés dans le nord de l'Irak -opération condamnée par Bagdad comme une atteinte à sa souveraineté.

Au cours d'un déjeuner donné en son honneur par le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, M. Talabani a proposé de créer une institution chargée de favoriser le développement des relations bilatérales.

"Créons un conseil politique à un haut niveau pour soutenir et contrôler le développement des relations", a-t-il suggéré, tout en encourageant Ankara à agir en concertation avec Bagdad pour lutter contre la "calamité" du terrorisme, a rapporté l'agence de presse Anatolie.

Assurant que "la Turquie a toujours agi envers l'Irak avec des sentiments amicaux et fraternels", M. Erdogan a pour sa part appelé à "ouvrir un nouveau chapitre".

"Je pense que nous sommes en mesure aujourd'hui de manifester la volonté politique nécessaire pour ouvrir un nouveau chapitre dans les relations turco-irakiennes", a affirmé M. Erdogan, cité par Anatolie, se déclarant convaincu du haut degré de complémentarité des économies des deux pays.

Le ministre d'Etat turc chargé du Commerce extérieur, Kürsad Tüzmen, a indiqué samedi, après avoir reçu le ministre irakien du pétrole, Hussein Chahristani, que leurs deux pays allaient finaliser fin mai un "accord de partenariat économique renforcé".

Cet accord aura pour "objectif d'intégrer les économies des deux pays autant que possible pour former une zone commune de prospérité", a-t-il dit, ajoutant que "la priorité de la Turquie était d'investir dans le développement des champs de gaz irakiens, pour l'importation et pour servir de lien vers l'Europe".

Le ministre turc de l'Energie, Hilmi Güler, a évoqué un projet à long terme de construction d'un second oléoduc entre l'Irak et la Turquie.

Les exportations turques en Irak ont atteint 2,82 milliards de dollars (1,83 milliard d'euros) en 2007 et les importations irakiennes en Turquie 650 millions de dollars (422 millions d'euros), selon les statistiques officielles turques.

M. Tüzmen a évalué à 6 milliards de dollars le volume des échanges bilatéraux attendu en 2008 et affirmé que l'objectif pour 2010 était de 20 milliards de dollars.

Les entreprises turques sont particulièrement actives en Irak dans le domaine du bâtiment. Depuis 2003, elles y ont engrangé des contrats d'une valeur de 4,2 milliards de dollars, selon ces statistiques.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.