Page Précédente

Ankara accuse la BBC de soutien au "terrorisme" dans un reportage sur le PKK


Vendredi 21 août 2015 à 18h52

Ankara, 21 août 2015 (AFP) — La Turquie s'en est vivement pris vendredi à la BBC, l'accusant de "soutenir le terrorisme" dans un récent reportage sur des combattantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) luttant contre le groupe Etat islamique (EI) dans le nord de l'Irak.

La BBC a réfuté ces accusations, affirmant que son reportage offrait un "aperçu unique" sur les motivations de ces femmes et mentionnait clairement le fait que le PKK était considéré comme un groupe "terroriste" par le pouvoir turc avec qui il est en conflit.

Le reportage en question, diffusé jeudi sur le site internet de la BBC, est consacré à des combattantes dans un camp d'entraînement du PKK du nord de l'Irak, se préparant à affronter les jihadistes de l'EI.

"Diffuser de telles informations sur un mouvement considéré comme terroriste par de nombreux pays dont ceux de l'Union européenne constitue un soutien ouvert au terrorisme", a martelé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

"Présenter cette organisation clandestine comme un mouvement innocent combattant une autre organisation terroriste (...) est inacceptable", ajoute Ankara, qui estime que de tels reportages sont contraires aux résolutions de l'Onu et du Conseil de l'Europe au sujet des organisations terroristes.

Interrogé sur la réaction d'Ankara, un porte-parole de la BBC a déclaré à l'AFP que le groupe audiovisuel "couvre des nouvelles d'intérêt mondial d'une manière impartiale, et ce reportage est l'un des nombreux que nous avons diffusées sur la Turquie et les questions relatives" à ce pays, y compris les attentats perpétrés par le PKK.

"Ce reportage offre un aperçu unique pour comprendre ce qui motive ces femmes pour rejoindre le PKK pour combattre l'Etat islamique, y compris pour certaines qui avaient échappé à l'EI", a ajouté ce porte-parole.

La BBC insiste sur le fait qu'il y est "dit clairement que le PKK est considéré comme une organisation terroriste par les autorités turques".

La Turquie a lancé en juillet une vaste opération militaire contre l'EI et le PKK. Cette offensive vise toutefois vise toutefois très majoritairement les militants kurdes, après une trêve de plus de deux ans, et le mouvement réplique par de multiples attaques contre l'armée et la police.

Selon l'agence gouvernementale Anatolie, l'offensive contre la guérilla kurde en Irak et en Turquie aurait fait 771 morts dans les rangs du mouvement. Plus d'une cinquantaine des membres des forces turques ont aussi été tués dans les violences.

Le gouvernement d'Ankara exprime régulièrement son mécontentement envers les médias occidentaux, accusés d'ignorer les souffrances provoquées par les décennies de combat armé du PKK contre le pouvoir turc, qui ont fait des dizaines de milliers de morts.

La controverse avec la BBC survient dans un contexte de préoccupations croissantes pour la liberté de la presse dans la Turquie du président Racep Tayyip Erdogan, où des journalistes sont notamment visés par des procédures judiciaires pour des accusations d'insulte envers le pouvoir.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.