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Accord sur Idleb: Damas a besoin de "temps" pour vérifier sa mise en oeuvre


Lundi 15 octobre 2018 à 13h16

Damas, 15 oct 2018 (AFP) — Le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, a affirmé que Damas avait besoin de "temps" pour vérifier la mise en oeuvre de l'accord russo-turc sur Idleb, fragilisé par l'absence de retrait des jihadistes d'une future zone tampon, prévu ce lundi.

"Nous devons prendre le temps (...). Nos amis russes doivent juger si l'accord a été appliqué ou pas", a dit M. Mouallem lors d'une conférence de presse à Damas avec son homologue irakien, Ibrahim Jaafari.

"Nous devons attendre la réaction de la Russie", qui "surveille et suit" la situation et dont la police militaire devra "patrouiller dans la zone tampon", a-t-il ajouté.

"Nous devons attendre mais, dans le même temps, nos forces armées sont prêtes dans les environs d'Idleb", a-t-il dit.

Walid Mouallem a répété que la province d'Idleb et les zones avoisinantes, à l'instar de toutes les régions de Syrie, avaient vocation à revenir "sous souveraineté syrienne". Il n'a pas exclu un éventuel recours à l'option militaire.

"Le Front al-Nosra (actuel Hayat Tahrir al-Cham/HTS, ndlr) apparait sur 27 +listes terroristes+ aux Nations unies et doit être délogé de son dernier bastion", a-t-il argué.

Ces propos font écho à ceux du président Bachar al-Assad, qui a récemment qualifié de "temporaire" l'accord russo-turc, et a assuré qu'Idleb et les régions voisines reviendraient à terme au régime.

L'accord russo-turc, conclu à Sotchi (Russie) le 17 septembre, prévoit une "zone démilitarisée" pour séparer les territoires du régime Assad de ceux encore tenus par les rebelles et jihadistes.

Il a permis de repousser l'échéance d'une offensive meurtrière du régime sur cet ultime bastion insurgé de Syrie.

Selon les termes de l'accord, les jihadistes avaient jusqu'au 15 octobre pour se retirer de la zone tampon, mais aucun départ n'a été observé jusqu'à ce lundi sur le terrain.

- Kurdes et fédéralisme -

Devant la presse, M. Mouallem a évoqué l'après-Idleb, notant que le but de Damas serait de libérer "l'est de l'Euphrate", en allusion aux régions sous le contrôle des forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition arabo-kurde soutenue par Washington, présente dans le nord et l'est.

A ce sujet, le ministre syrien a mis en garde les Kurdes, qui avaient proclamé en 2016 la création d'une vaste "région fédérale" dans les territoires du nord du pays notamment conquis aux dépens du groupe Etat islamique (EI), avec l'appui de Washington.

"Nous n'accepterons pas le fédéralisme" a-t-il prévenu, jugeant ce modèle de gouvernance "contraire à la constitution syrienne".

"S'ils veulent continuer à miser sur les promesses américaines (...), c'est leur problème, mais ils devront en payer le prix", a-t-il menacé.

Les FDS contrôlent près de 30% du territoire, s'imposant comme la deuxième plus grande force armée en Syrie.

"La décision de l'Etat syrien est de recouvrer" l'ensemble de sa souveraineté territoriale, "à travers le dialogue ou par d'autres moyens", a conclu M. Mouallem.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.