Page Précédente

4 universitaires turcs jugés pour "propagande terroriste"


Vendredi 22 avril 2016 à 07h54

Istanbul, 22 avr 2016 (AFP) — Le procès de quatre universitaires turcs accusés de "propagande terroriste" pour avoir signé une pétition dénonçant les violences de l'armée dans ses opérations contre les rebelles kurdes s'ouvre vendredi à Istanbul dans un climat tendu.

En détention depuis le mois dernier, Esra Munger, professeure à l'université Bogazici, Muzaffer Kaya, qui enseigne aux Beaux-Arts, Kivanc Ersoy, professeur à l'université Nisantasi et Meral Camci, professeure jusqu'en février à l'université Yeni Yüzyil, risquent jusqu'à sept ans et demi de prison.

Ils sont accusés de propagande pour avoir lu en public une "pétition pour la paix" dénonçant les "massacres" commis par les forces de sécurité turques pendant des opérations contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans plusieurs villes sous couvre-feu.

Des manifestations de soutien sont attendues devant le palais de justice d'Istanbul avant le début du procès, à 11H00 GMT.

En janvier dernier, plus de 1.200 intellectuels turcs et étrangers avaient signé cette pétition, suscitant la fureur du président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, qui avait promis que les pétitionnaires paieraient le "prix" de leur "trahison".

Dans la foulée, des procédures judiciaires avaient été déclenchées dans toute la Turquie et une vingtaine d'universitaires placés en garde à vue, ravivant dans ce pays comme à l'étranger les critiques de la dérive autoritaire de M. Erdogan.

Le sud-est à majorité kurde de la Turquie revit depuis des mois au rythme des combats meurtriers et quotidiens entre les forces de sécurité turques et les rebelles.

Le président turc a proposé au début du mois de déchoir de leur citoyenneté turque tous ceux qu'ils considèrent comme les "complices" du PKK, avocats, intellectuels, journalistes ou élus.

Le procès à huis clos de deux journalistes du quotidien d'opposition Cumhuriyet se poursuit également avec une troisième audience vendredi matin à partir de 07H00 GMT. Can Dündar, son rédacteur en chef, et Erdem Gül, son chef de bureau à Ankara, sont accusés d'espionnage, de divulgation de secrets d'Etat et de tentative de coup d'Etat et risquent la prison à vie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.