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L'Irak à l'assaut du dernier bastion de l'EI sur son sol


Jeudi 26 octobre 2017 à 09h52

Bagdad, 26 oct 2017 (AFP) — L'Irak a décidé jeudi un porter le coup fatal à trois ans de présence du groupe Etat islamique (EI) sur son territoire en lançant l'assaut sur son dernier bastion près de la frontière avec la Syrie.

Cette offensive est menée au moment où de l'autre côte de la frontière, les forces du régime syrien et leurs supplétifs faisaient également mouvement pour prendre en étau les combattants de l'organisation ultraradicale.

La bataille vise à étrangler les jihadistes dans leur dernier carré, dans la moyenne vallée de l'Euphrate qui court de la province de Deir Ezzor dans l'est de la Syrie jusqu'à Al-Qaïm, dans l'ouest de l'Irak.

Elle est "le dernier grand combat contre l'EI", disaient récemment des généraux américains de la coalition internationale qui soutiennent les forces irakiennes dans leur lutte contre les jihadistes.

C'est sur la localité d'Al-Qaïm dans l'immense province désertique d'al-Anbar, où la frontière est poreuse, que les forces irakiennes ont lancé l'assaut.

A l'aube, le Premier ministre Haider al-Abadi, commandant en chef des armées, a annoncé dans un communiqué "le lancement de la bataille pour libérer Al-Qaïm, Rawa et les villages et hameaux environnants" dans la région désertique d'Al-Anbar.

"Les combattants de l'EI n'ont d'autre choix que de mourir ou de se rendre", a-t-il dit.

M. Abadi, qui d'habitude annonce les assauts lors d'allocutions télévisées, a cette fois-ci publié un communiqué, car il se trouve en visite en Iran, grand allié et poids lourd régional. Il doit y rencontrer le président Hassan Rohani et le Guide suprême Ali Khamenei.

- Raids de la coalition -

En 2014, les jihadistes s'emparaient lors d'une percée fulgurante de près d'un tiers de l'Irak, mais depuis, les troupes gouvernementales et paramilitaires irakiennes les ont chassés de plus de 90% de leur territoire.

Le général irakien Qassem al-Mohammedi, qui dirige les opérations, a affirmé à l'AFP que les troupes massées autour de la ville d'Al-Qaïm avançaient "sur quatre fronts: à l'est, au sud, au sud-est de la cité, et depuis la province de Ninive, plus au nord".

Les combats sont menés, a-t-il ajouté, par l'armée, les unités contre-terroristes (CTS), la police fédérale et le Hachd al-Chaabi, ces unités paramilitaires dominées par les chiites, créées pour suppléer les troupes régulières et soutenues par l'Iran.

Pour cette bataille qui se joue dans la province sunnite d'Al-Anbar, plusieurs unités tribales sunnites du Hachd ont été mobilisées.

"L'armée de l'air irakienne et l'aviation de la coalition internationale mènent des raids", a précisé le général Mahmoud al-Fellahi, commandant des opérations dans Al-Anbar.

Selon le Norwegian Refugee Council (NRC), plus de 10.000 civils fuyant la région d'Al-Qaïm sont arrivés dans des camps de déplacés près de Ramadi, dans la même province, depuis début octobre.

L'Organisation internationale des Migrations (OIM) a indiqué qu'environ 65.000 personnes avaient fui Al-Anbar depuis le début de l'année.

- Contre les Kurdes dans le nord -

L'Irak s'est lancé dans cette nouvelle opération alors qu'une partie de ses troupes est mobilisée pour reprendre le contrôle de zones disputées avec la région autonome du Kurdistan dans le nord du pays.

Selon le gouvernement de la région autonome, les troupes fédérales bombardent "à l'artillerie lourde" Zoummar, une zone pétrolière au nord-ouest de Mossoul. "Elles avancent avec des unités du Hachd en direction des positions peshmergas", a assuré le Conseil de sécurité du Kurdistan.

Les forces irakiennes n'ont pas dans l'immédiat confirmé une telle opération.

Il s'agirait pour Bagdad de sécuriser l'oléoduc menant au terminal de Ceyhan en prenant notamment Fishkhabour, un poste-frontière avec la Turquie situé à l'extrémité de la province kurde de Dohouk.

Le pouvoir central à Bagdad et la région du Kurdistan sont en crise ouverte depuis la tenue il y a un mois d'un référendum d'indépendance kurde. Le Kurdistan a fait mercredi un pas en arrière pour tenter d'apaiser les tensions, se disant prêt à "geler les résultats" de sa consultation, où le "oui" l'a largement emporté.

Mais M. Abadi a opposé une fin de non-recevoir disant qu'il "acceptera uniquement l'annulation du référendum et le respect de la constitution".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.