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Syrie: l'alliance arabo-kurde a repris à l'EI un aéroport près de Raqa


Dimanche 26 mars 2017 à 22h04

Beyrouth, 26 mars 2017 (AFP) — Une force arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis a repris dimanche dans le nord de la Syrie un aéroport militaire au groupe Etat islamique (EI), une étape clé dans le cadre de son offensive pour s'emparer de Raqa, le fief des jihadistes dans le pays.

L'aéroport militaire de Tabqa, que les jihadistes contrôlaient depuis août 2014, est située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Raqa.

La prise de l'aéroport permet aux Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance regroupant des combattants kurdes et arabes, de fermer la route de Raqa vers l'ouest et de poursuivre leur manoeuvre d'encerclement total de cette ville du nord de la Syrie.

"Les Forces démocratiques syriennes ont repris le contrôle total de l'aéroport militaire de Tabqa et les opérations de déminage sont en cours afin de sécuriser complètement" ce secteur, a déclaré à l'AFP Talal Sello, leur porte-parole.

Les FDS ont lancé en novembre leur offensive baptisée "Colère de l'Euphrate" avec l'aide de la coalition internationale commandée par les Etats-Unis pour reprendre Raqa.

Les FDS avaient pénétré dans l'aéroport un peu plus tôt dimanche, M. Sello faisant état de violents combats avec les jihadistes.

- Appui de la coalition -

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a confirmé la reprise de l'aéroport, les FDS étaient appuyées par des frappes aériennes de la coalition internationale.

En juin 2014, l'EI avait proclamé un "califat" sur les territoires conquis à cheval en Syrie et en Irak voisin. Et en août de la même année, l'organisation ultraradicale sunnite contrôlait entièrement la province de Raqa après la prise de l'aéroport de Tabqa au régime.

Plus de 200 militaires avaient péri, certains décapités et leurs photos avaient été diffusées par les extrémistes lors de la prise notamment de cet aéroport.

En juin 2016, les forces du régime avaient tenté, en vain, de reconquérir Tabqa.

Les FDS veulent aussi s'emparer, à quelques kilomètres au nord de l'aéroport, du plus grand barrage de Syrie, ce qui pourrait être une opération plus délicate.

Les bombardements dans le secteur ont mis "hors service (la centrale électrique) qui fournit l'électricité au barrage", entraînant dimanche l'arrêt du fonctionnement de cette infrastructure bâtie sur l'Euphrate, a affirmé à l'AFP une source technique.

"La réparation n'est pas possible car il n'y a pas suffisamment de personnel disponible en raison des bombardements intensifs", a-t-elle ajouté. "Si le problème n'est pas résolu, cela représentera un danger pour le barrage."

La source n'était pas en mesure de spécifier quel type de bombardements avait endommagé la centrale électrique, mais l'offensive des FDS s'est accompagnée de raids aériens massifs de la coalition.

- Danger pour le barrage ? -

Talal Sello a cependant estimé qu'il n'y avait pas de danger imminent car il s'agit "d'opérations terrestres pour éviter tout dommage au barrage".

Les Etats-Unis ont utilisé la semaine dernière des hélicoptères d'attaque ainsi que de l'artillerie pour soutenir l'offensive des FDS sur ce barrage stratégique. Les FDS étaient arrivées vendredi aux entrées du barrage de Tabqa.

L'EI a prévenu de son côté via son agence de propagande Amaq que "le barrage menaçait de s'effondrer à tout moment à cause des raids américains et du haut niveau de l'eau".

Vendredi, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian avait affirmé que Raqa était encerclée et que la bataille pour reprendre cette ville commencerait "dans les jours qui viennent".

Mais Talal Sello s'était montré plus prudent. "L'opération pour assiéger Raqa prendra plusieurs semaines et cela conduira ensuite à lancer officiellement l'opération" pour libérer la ville, avait-il prévenu.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie, qui a fait plus de 320.000 morts, est devenue très complexe avec l'implication de groupes jihadistes, de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.