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Un site antique repris à l'EI en Irak, course de vitesse entre Kurdes et Turcs vers Raqa en Syrie


Lundi 14 novembre 2016 à 04h18

Mossoul (Irak), 14 nov 2016 (AFP) — Alors que l'offensive des forces irakiennes sur Mossoul entre dans sa cinquième semaine lundi, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) cède aussi du terrain en Syrie, où une course de vitesse oppose Kurdes et Turcs vers Raqa.

Enfermé à Mossoul (nord), son dernier bastion irakien, l'EI a perdu dimanche une de ses prises symboliques, à une trentaine de kilomètres plus au sud, avec l'ancienne cité antique assyrienne de Nimrod.

Avec Hatra, Nimrod est l'un des sites archéologiques les plus célèbres d'Irak, pays souvent décrit comme le berceau de la civilisation.

Nimrod est l'un des sites historiques, avec Palmyre en Syrie, que l'EI avait pris pour cible après sa conquête de vastes territoires dans les deux pays en 2014. L'armée irakienne n'a pas donné de détails sur l'état du site, situé sur les bords du fleuve Tigre.

La communauté internationale s'était alarmée au printemps 2015 lorsque l'EI avait diffusé des images montrant des jihadistes détruire au bulldozer, à l'explosif et à la pioche des monuments, des bas-reliefs et des statues de la cité.

Si Nimrod est tombée entre les mains des forces irakiennes, ce n'est pas encore le cas de Mossoul, où "l'EI est encerclé par le Nord et l'Est", a affirmé le commandant Mountadhar Salem, des unités d'élite du contre-terrorisme (CTS).

Ces forces s'activaient dimanche à Karkoukli et nettoyaient rue après rue les maisons à la périphérie d'Arbajiyah, deux quartiers de l'est de la ville où des francs-tireurs jihadistes embusqués continuent de prendre pour cible les membres des CTS.

- Al-Bab pris en étau -

Comme les jours précédents, des dizaines de civils ont pris la fuite, se dirigeant vers un point de rassemblement à la périphérie de la ville d'où ils ont été transférés au camp de déplacés de Khazir, a constaté une journaliste de l'AFP.

Ceux qui restent tentent de retrouver un semblant de vie normale, avec, pour une dizaine d'hommes, un passage chez le barbier.

En Syrie, l'EI se bat pour ne pas perdre Al-Bab (nord), l'une des dernières villes qu'il contrôle encore dans le nord de la province d'Alep, près de la frontière turque.

Dimanche, les rebelles syriens soutenus par les forces turques ne se trouvaient plus qu'à deux kilomètres, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les Forces démocratiques syrienne (FDS), dominées elles par les Kurdes et soutenues par Washington, en étaient à 15 kilomètres à l'Est. Quant aux forces du régime syrien, elles sont à 10 kilomètres au Sud.

Dimanche, l'armée turque a bombardé la ville à l'artillerie et depuis les airs, a précisé l'OSDH, sans fournir de bilan des victimes.

- 'Bouclier' contre 'Colère' -

Al-Bab, ville de 100.000 habitants en majorité arabes, est le principal objectif de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" lancée le 24 août par la Turquie.

Cette offensive sans précédent vise à la fois l'EI et les forces kurdes des YPG (Unités de défense du peuple kurde), considérées par Ankara comme une organisation "terroriste".

La Turquie veut empêcher à tout prix la création d'une zone semi-autonome kurde le long de sa frontière. Et après Al-Bab puis Minbej, village tenu lui par les milices kurdes, ses forces entendent ensuite se diriger vers Raqa, comme l'avait annoncé le président turc Recep Tayyip Erdogan le 27 octobre.

Pour la prise de la "capitale" syrienne de l'EI, les troupes turques sont aussi lancées dans une course de vitesse avec les FDS, qui progressent elles vers Raqa dans le cadre de l'opération "Colère de l'Euphrate" lancée le 5 novembre.

En Syrie toujours, des combats ont éclaté dimanche à la périphérie orientale de la ville d'Alep. Selon l'OSDH, plusieurs quartiers tenus par les rebelles à l'Est ont été bombardés par les forces du régime de Damas, après des appels de l'armée donnant 24 heures aux insurgés pour partir.

Des combats ont eu lieu dans le secteur de Karam al-Tourab et le village d'Al-Aziza. Sept personnes ont été tuées par des tirs de roquettes des forces gouvernementales.

burs/jri/ol/mba

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.