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Turquie: les deux maires kurdes de Diyarbakir (sud-est) en garde à vue


Mercredi 26 octobre 2016 à 00h20

Diyarbakir (Turquie), 25 oct 2016 (AFP) — Les deux maires de Diyarbakir, plus grande ville du sud-est à majorité kurde de la Turquie, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête liée au "terrorisme", ont indiqué à l'AFP des responsables de sécurité mardi soir.

Plusieurs dizaines de policiers lourdement armés, des blindés légers des forces de sécurité et des camions équipés de canons à eau ont été déployés autour de la mairie où une perquisition était en cours, a constaté un journaliste de l'AFP.

Gültan Kisanak, première femme élue à la tête de Diyarbakir, a été interpellée à la descente de l'avion qui la ramenait d'Ankara et son collègue Firat Anli a été arrêté à son domicile, ont indiqué les responsables à l'AFP.

Selon un communiqué de presse du parquet de Diyarbakir, Mme Kisanak et M. Anli sont notamment soupçonnés d'avoir apporté un soutien idéologique ou matériel au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée terroriste par Ankara.

Mme Kisanak et M. Anli dirigent ensemble la municipalité de Diyarbakir, la "capitale" du sud-est de la Turquie, secouée par des combats meurtriers entre forces de sécurité et membres du PKK.

Les autorités turques ont multiplié ces dernières semaines, dans le sud-est de la Turquie, les arrestations de responsables locaux accusés de "propagande terroriste" ou de "soutien logistique" au PKK.

Dénonçant une "agression", le Parti démocratique des peuples (HDP), principale formation prokurde du pays, a appelé sur son compte Twitter à manifester mercredi à 11h00 (08h00 GMT). "Nous condamnons le placement en garde à vue de Gültan Kisanak et Firat Anli. Nous demandons leur remise en liberté immédiate", a ajouté le HDP.

Quelque 200 personnes, dont des députés du HDP, étaient rassemblées à proximité de la mairie de Diyarbakir mardi soir, a constaté l'AFP.

Epicentre du sud-est de la Turquie, Diyarbakir a été durement touchée par la reprise du conflit kurde à l'été 2015. Dans le district historique de Sur, les affrontements ont fait plusieurs dizaines de tués et provoqué des dégâts considérables.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti à plusieurs reprises que les élus locaux qui apporteraient une aide logistique au PKK seraient poursuivis.

Le mois dernier, 24 maires soupçonnés d'être liés au PKK ont été suspendus et remplacés par des administrateurs proches du parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP).

Un administrateur désigné par le gouvernement a été tué par balles le 16 octobre à Van, dans l'est de la Turquie, au cours d'une attaque qui n'a pas été revendiquée.

Le PKK, considéré par Ankara et ses alliés occidentaux comme un groupe terroriste, et l'armée turque ont rompu, il y a un an, un fragile cessez-le-feu et repris les hostilités, qui ont fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.