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Turquie: les TAK, un groupe dissident du PKK à l'origine de nombreux attentats


Jeudi 17 mars 2016 à 18h21

Ankara, 17 mars 2016 (AFP) — Les Faucons de la liberté du Kurdistan (FAK), qui ont revendiqué l'attentat meurtrier de dimanche à Ankara, sont un groupe dissident de la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) connu pour de nombreux attentats contre des civils.

Les TAK ont confirmé jeudi dans une déclaration qu'une de leurs membres, Seher Cagla Demir, avait précipité une voiture piégée sur un arrêt de bus de la très fréquentée place Kizilay, au centre de la capitale turque, faisant 35 morts et plus de 120 blessés.

Le groupe a été rapidement soupçonné, tant cette attaque ressemblait, par son mode opératoire, à celle qui a visé le 17 février, toujours à Ankara, un convoi de bus transportant des personnels militaires. L'explosion avait fait 29 morts.

Les TAK sont issus il y a une dizaine d'années d'une scission au sein du mouvement rebelle kurde fondé par Abdullah Öcalan.

Si les attaques du PKK visent en priorité les forces de sécurité, symboles de l'Etat turc, les dissidents radicaux des TAK se sont, eux, fait une spécialité des cibles civiles, notamment dans les grandes villes ou les sites touristiques turcs.

En 2005, ils font pour la première fois la "une" de la presse internationale en posant une bombe dans un minibus dans la station balnéaire de Kusudasi, sur la mer Egée, tuant 5 personnes dont 2 touristes britanniques.

Les TAK refont parler d'eux en juillet 2006 lors d'un attentat sur le site des cascades de Manavgat (4 tués) ou un an plus tard dans la station touristique de Marmaris (10 Britanniques blessés). D'autres attentats suivent, notamment en 2007 et 2011 à Ankara.

Discrets depuis le début des pourparlers de paix entre le gouvernement et le PKK à l'automne 2012, les TAK ressortent de l'ombre le 23 décembre 2015 en tirant des obus de mortier sur l'aéroport Sabiha Gökçen d'Istanbul (1 agent de service tué).

La nature de leurs relations avec le PKK alimente toutes les spéculations. Le PKK dément tout lien mais les autorités les considèrent au contraire comme un simple faux-nez auquel la rébellion recourt quand des civils sont tués, pour ne pas s'aliéner ses soutiens.

En 2011, le PKK s'était désolidarisé d'une attaque des TAK à Ankara (3 morts), estimant qu'elle était "répréhensible" et "nuisait aux demandes légitimes du peuple" kurde.

Mais ces déclarations sont balayées d'un revers de main par nombre d'analystes. "Les TAK s'identifient comme un groupe dissident, (nous) pensons qu'ils sont plus probablement un paravent du PKK", juge Otso Iho, de centre d'études IHS Jane's.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.