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Turquie : le couvre-feu décrété dans deux villes du sud-est, en partie levé à Diyarbakir


Dimanche 13 mars 2016 à 15h51

Diyarbakir (Turquie), 13 mars 2016 (AFP) — Les autorités ont annoncé l'instauration dimanche d'un couvre-feu dans deux villes du sud-est de la Turquie, prélude à des opérations d'envergure de l'armée contre les rebelles kurdes, et partiellement levé celui imposé à la partie historique de Diyarbakir.

Selon un communiqué des bureaux des gouverneurs concernés, l'accès à Yüksekova et à Nusaybin sera totalement interdit à partir respectivement de 22h00 (20h00 GMT) et minuit (22h00 GMT) afin d'y "rétablir l'ordre et la sécurité" en raison de "l'augmentation des activités terroristes".

Le gouvernement turc a annoncé cette semaine le déclenchement imminent d'opérations de "nettoyage" dans ces deux villes, ainsi qu'à Sirnak, où les accrochages entre les forces de sécurité et des partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes) se sont multipliés.

Dans le même temps, le couvre-feu a été partiellement levé dans le quartier de Sur à Diyarbakir, une agglomération du sud-est où il était en vigueur depuis plus de trois mois.

Depuis 08h00 heure locale (06h00 GMT), les habitants de cette partie historique de la ville sont autorisés à rentrer chez eux, ce qu'ils font, tirant des valises, ou poussant des carioles chargées d'effets personnels, a constaté un photographe de l'AFP.

Plusieurs autres zones de ce quartier, ceint de murailles de l'ère romaine inscrites au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, restent toutefois soumises jusqu'à nouvel ordre au couvre-feu afin d'y "capturer des terroristes" et de les "nettoyer des explosifs et des pièges", selon le bureau du gouverneur de la région.

Le 2 décembre, l'armée et les forces spéciales de la police ont déclenché dans cet entrelacs de ruelles une offensive de grande ampleur destinée à reprendre le contrôle de zones où de jeunes militants armés du PKK avaient érigé des barricades, creusé des tranchées et défié l'Etat en y proclamant l'autonomie.

L'état-major a annoncé cette semaine la fin de son opération et un bilan de 279 morts dans les rangs de "l'organisation terroriste séparatiste", le PKK.

L'armée n'a pas précisé le nombre des soldats ou des policiers tués pendant cette bataille, qui est selon les médias locaux de plusieurs dizaines.

Ces affrontements ont également causé la mort de dizaines de civils, affirment le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) et les ONG locales, ainsi que l'exode de dizaines de milliers d'habitants de ce quartier.

Après plus de deux ans de cessez-le-feu, le conflit kurde a repris l'été dernier, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés par le gouvernement islamo-conservateur turc avec le PKK à l'automne 2012.

Le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan et son gouvernement ont promis d'"éradiquer" les rebelles.

Le conflit a fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.