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Turquie : les locaux de deux quotidiens progouvernementaux attaqués à Istanbul


Jeudi 11 février 2016 à 16h11

Istanbul, 11 fév 2016 (AFP) — Les sièges de deux quotidiens proches du gouvernement islamo-conservateur turc ont été visés tôt jeudi matin à Istanbul par des attaques attribuées par les autorités aux rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Selon l'agence de presse progouvernementale Anatolie, cinq individus cagoulés ont lancé des cocktails Molotov sur l'entrée du journal Yeni Safak, dans la partie européenne de la plus grande ville de Turquie, avant d'ouvrir le feu avec des fusils à pompe.

Peu de temps après, un groupe a visé de la même façon le siège du journal Yeni Akit, sur la rive asiatique de la mégapole stambouliote cette fois, avant de prendre la fuite.

Les deux attaques n'ont fait aucun blessé, et que des dégâts matériels mineurs.

Le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus a immédiatement condamné une "attaque horrible" conduite par "des membres de l'organisation terroriste", en référence au PKK. Lors d'un discours prononcé à Ankara, le président Recep Tayyip Erdogan a lui dénoncé la responsabilité de "l'organisation terroriste".

Très proches du pouvoir, Yeni Safak et Yeni Akit soutiennent fermement la campagne militaire lancée par Ankara en décembre contre plusieurs villes à majorité kurde du sud-est anatolien pour en déloger les partisans du PKK qui y ont déclaré "l'autonomie".

Reporters sans Frontières (RSF) a condamné l'attaque visant les deux quotidiens, attribuée au "niveau dangereux de polarisation dans la société turque".

Ces derniers mois, le régime de M. Erdogan a multiplié les poursuites et les pressions contre les médias hostiles à sa politique.

L'automne dernier, le quartier général stambouliote du quotidien Hürriyet a été la cible de deux attaques de manifestants favorables au chef de l'Etat. Aucune poursuite n'a été engagée contre les auteurs identifiés de cette attaque.

"Si nous sommes persuadés que les autorités vont enquêter sur les attaques d'aujourd'hui, nous les exhortons à mettre autant d'énergie à traquer ceux à l'origine de celles de l'automne dernier", a noté un responsable de l'Institut international de la presse (IPI), Steven M. Ellis.

La Turquie figure au 149e rang sur 180 du classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.