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Le Kurdistan irakien réduit les salaires à cause de la chute des prix pétroliers


Jeudi 4 février 2016 à 14h54

Erbil (Irak), 4 fév 2016 (AFP) — La région autonome du Kurdistan irakien ne versera qu'une partie des salaires de ses fonctionnaires à cause de la crise économique qu'elle traverse en raison de la chute des prix du brut.

Cette décision survient alors que le dirigeant du Kurdistan irakien a appelé à la tenue d'un référendum sur l'autodétermination de cette région, autonome depuis 1991, qui fait face à une crise institutionnelle et financière.

La mesure concerne surtout les salaires les plus importants, à l'exception des personnels de sécurité. Elle a été prise "pour pouvoir assurer la distribution d'une partie des salaires et allocations", a souligné le gouvernement local.

Ce dernier dépend des ressources pétrolières pour l'essentiel de ses revenus, et est donc très affecté par la chute des prix du brut qui ont baissé à moins de 30 dollars le baril.

Le Kurdistan exporte du pétrole de façon indépendante via la Turquie malgré l'objection du gouvernement central.

Une partie des fonctionnaires du Kurdistan irakien n'ont pas touché leur salaire depuis plusieurs mois et certains d'entre eux se sont mis en grève pour les réclamer.

Les arriérés de salaire n'ayant pas été payés "seront considérés comme des prêts au ministère des Finances et déposés sur un compte spécial (...) jusqu'à l'amélioration de la situation financière", a précisé le gouvernement.

Le gouvernement local a aussi approuvé d'autres mesures d'austérité, notamment la mise aux enchères du pétrole et produits dérivés non exportés par oléoduc et la couverture par les fonctionnaires des frais liés aux véhicules de fonction fournis par les autorités.

Midia Hassan, fonctionnaire de 35 ans et père de trois enfants, peine à payer les traites pour l'achat de mobilier pour leur maison.

"Nous sommes encore en train de payer, nous ne savons pas comment nous allons pouvoir continuer à le faire si nos salaires sont réduits", souligne-t-il.

L'annonce concernant les salaires est survenue après l'appel de Massoud Barzani, resté au pouvoir malgré l'expiration de son mandat, à un référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien.

"Les conditions sont maintenant réunies pour que le peuple prenne une décision sur son avenir par référendum", a déclaré mercredi M. Barzani, ajoutant que "ce référendum ne mènerait pas nécessairement à la création immédiate d'un Etat (kurde) mais permettrait de connaître la volonté et l'opinion du peuple du Kurdistan concernant son avenir".

Mais en appelant à ce référendum, juste avant l'annonce des mesures d'austérité, le dirigeant kurde semble avoir voulu notamment agiter la veine nationaliste avant la mauvaise nouvelle sur les salaires.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.