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L'opposition syrienne débat de sa participation à Genève


Mercredi 27 janvier 2016 à 12h28

Ryad, 27 jan 2016 (AFP) — Des groupes clés de l'opposition syrienne doivent se prononcer mercredi sur la participation aux pourparlers de paix en Syrie, qui pourraient être remis en cause par la présence d'autres opposants, dont les Kurdes.

Les discussions se poursuivaient à huis-clos à Ryad pour la deuxième journée consécutive, a déclaré à l'AFP Monzer Makhous, porte-parole du Haut comité des négociations (HCN).

Cette instance avait été constituée en décembre à Ryad par des formations de l'opposition, et Mohamed Allouche, un chef du groupe armé rebelle pro-saoudien Jaich al-Islam, en a été nommé récemment négociateur en chef.

Elle insiste pour être la seule représentante de l'opposition aux négociations indirectes avec le régime de Bachar al-Assad qui doivent se tenir à partir de vendredi à Genève pour trouver une solution au conflit qui a fait plus de 260.000 morts en près de cinq ans.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a envoyé mardi des invitations, mais aucune information n'a été donnée sur l'identité des personnes invitées.

Si la délégation du régime --dirigée par deux diplomates de haut niveau-- ne suscite pas la controverse, c'est la composition du groupe représentant l'opposition qui fait débat.

- Invitations lancées -

Alors que le HCN affirme être la seule instance habilitée la représenter, des figures de l'opposition n'en faisant pas partie ont affirmé à l'AFP mardi avoir également reçu l'invitation de l'ONU.

Une source proche de la réunion de Ryad a indiqué que le HCN souhaitait obtenir de l'ONU des précisions sur "la nature des invitations" adressées aux autres personnes.

Parmi elles figure Qadri Jamil, un ancien vice-Premier ministre syrien qui avait été limogé en 2013 et entretient de bonnes relations avec la Russie, alliée du régime.

Haytham Manna, co-président du Conseil démocratique syrien (CDS, une alliance d'opposants kurdes et arabes), a également annoncé avoir été invité.

Le CDS est le bras politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance rebelle soutenue par les Etats-Unis et composée principalement des YPG (Unités de protection du peuple), une milice kurde qui contrôle des zones dans le nord du pays.

Or la participation des Kurdes, en pointe dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui occupe de vastes territoires en Syrie, est l'un des points de discorde entre les puissances étrangères.

La Turquie est fermement opposée à leur participation aux négociations car elle les considère comme directement affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 la rébellion sur le sol turc.

Ankara a prévenu mardi qu'elle ne participerait pas aux pourparlers si les Kurdes syriens du Parti de l'union démocratique (PYD, la branche politique des YPG) y étaient.

Un conseiller de la direction du PYD, Sihanuk Dibo, a cependant indiqué mardi soir à l'AFP que sa formation n'avait pas reçu "jusqu'à présent" d'invitation.

La Russie a elle estimé que, sans les Kurdes, les négociations ne sauraient "donner de résultats".

- Question humanitaire -

Les puissances étrangères impliquées en Syrie, comme la Russie, l'Iran, les Etats-Unis ou la France -- ces deux derniers pays participant à la coalition internationale contre les jihadistes-- ne doivent pas assister directement aux discussions de Genève, mais y jouer un rôle d'observateur.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a estimé mercredi que trois problèmes demeuraient encore quant aux négociations: "Qui participe vraiment, qu'est-ce qui est fait sur le plan humanitaire, et de quoi va-t-on parler ?".

S'agissant des participants, le HCN "doit être le négociateur, et c'est ce qui m'a été confirmé par M. de Mistura, même s'il peut y avoir d'autres personnes", a-t-il déclaré.

Sur le plan humanitaire, les groupes d'opposition de Ryad avaient demandé en décembre que le régime prenne "des mesures de confiance", comme la levée du siège des zones encerclées, avant le début des négociations. Le HCN a réclamé des clarifications à ce sujet à l'ONU, selon Salem al-Meslet, un de ses membres.

Les négociations doivent porter sur une feuille de route qui prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois. L'opposition exige le départ de M. Assad au début de la période de transition.

Sur le terrain, les forces du régime, appuyées notamment par l'aviation russe, ont enregistré une nouvelle victoire face aux rebelles en reprenant lundi Cheikh Miskine, à un carrefour stratégique menant au nord à Damas et à l'est à la ville de Soueida (sud).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.