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Irak: à Sinjar, les Kurdes désamorcent les engins piégés laissés par l'EI


Samedi 14 novembre 2015 à 17h09

Erbil (Irak), 14 nov 2015 (AFP) — Les forces kurdes irakiennes ont commencé samedi à désamorcer les engins piégés qui avaient été posés à Sinjar par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) avant leur reprise vendredi de cette ville du nord de l'Irak.

Lors de son offensive sur Sinjar en août 2014, l'EI avait exécuté de nombreux habitants yazidis, une minorité religieuse kurdophone considérée comme hérétique par le groupe extrémiste.

Une fosse commune, qui pourrait contenir les corps de dizaines de femmes yazidies tuées par l'EI, a été découverte samedi à la périphérie de la ville, selon des responsables locaux.

Les forces kurdes, aidées par des combattants yazidis et appuyées par des frappes aériennes de la coalition internationale contre l'EI menée par les Etats-Unis, ont repris vendredi Sinjar au groupe jihadiste.

Les jihadistes ont pris la fuite avant l'arrivée des forces kurdes mais ont laissé derrière eux de nombreux engins piégés, une tactique à laquelle ils ont recours pour empêcher leurs ennemis d'entrer dans une ville.

Or ces engins piégés doivent être désamorcés avant le retour des habitants de Sinjar, majoritairement yazidis.

"Nous avons désamorcé 45 bombes et une voiture piégée", a affirmé Suleiman Saïd, membre des forces peshmergas (combattants kurdes) de la région autonome du Kurdistan irakien, située au nord-est de Sinjar.

"Les bombes sont disséminées dans les maisons", a-t-il indiqué, précisant que quelque 20 tonnes d'explosifs avaient été découvertes dans une usine de fabrication de bombes, ainsi que 20 barils d'explosifs.

"Maintenant qu'ils (les peshmergas) ont repris Sinjar, la prochaine étape consiste à (...) la nettoyer", a indiqué de son côté le porte-parole de la coalition internationale, le colonel Steve Warren, lors d'une conférence de presse.

- 'Cela prendra du temps' -

"Cela prendra du temps, probablement une semaine, 10 jours, deux semaines même, selon la complexité des terrains minés et des obstacles que (l'EI) a laissés derrière lui", a-t-il ajouté.

Le Conseil de sécurité de la région autonome du Kurdistan irakien (KRSC) a également affirmé que des équipes allaient travailler "pour nettoyer une zone lourdement minée".

La reprise de Sinjar a permis de couper l'autoroute 47, l'une des principales routes de communication et d'approvisionnement des jihadistes entre les territoires qu'ils contrôlent en Irak et en Syrie.

En août 2014, des milliers de Yazidis avaient fui dans les montagnes surplombant Sinjar, alors que d'autres avaient été victimes de massacres, de viols et réduits en esclavage par les combattants jihadistes.

Ces attaques avaient été qualifiées par l'ONU de "tentative de génocide" et furent l'un des principaux arguments avancés par les Etats-Unis pour envoyer des avions bombarder les positions du groupe jihadiste en Irak.

Avec la reprise de cette ville, des preuves sur les horreurs infligées par l'EI commencent à émerger.

Sur la base d'informations fournies par de jeunes femmes réduites en esclavage --mais ayant réussi à s'échapper-- et ayant assisté à des exécutions, des ressponsables ont découvert samedi une fosse commune.

Selon Miyasir Hajji, membre du conseil municipal de Sinjar, elle contiendrait des dizaines de femmes "âgées entre 40 et 80 ans".

"Apparemment, les terroristes (de l'EI) voulaient seulement capturer de jeunes femmes", a affirmé M. Hajji, en référence aux femmes utilisées comme esclaves sexuelles pouvant être achetées et vendues.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.