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Turquie: 100.000 manifestants à Istanbul avec Erdogan pour dénoncer le "terrorisme"


Dimanche 20 septembre 2015 à 18h23

Istanbul, 20 sept 2015 (AFP) — Plus de 100.000 personnes ont conspué le "terrorisme" des rebelles kurdes dimanche à Istanbul lors d'une manifestation géante qui avait des allures de meeting électoral pour le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan à six semaines des législatives anticipées du 1er novembre.

"Il n'est pas question de faire la moindre concession au terrorisme", a martelé le chef de l'Etat qui s'est adressé à une foule compacte réunie sur la place de Yenikapi, sur les rivages du Bosphore, à l'appel d'un collectif d'ONG, a constaté l'AFP.

Le rassemblement intervient alors que des affrontements meurtriers ont repris depuis deux mois entre l'armée turque et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turque, peuplé majoritairement de Kurdes.

Tout comme le Premier ministre Ahmet Davutoglu qui est intervenu avant lui et qui a promis de "continuer d'anéantir" les camps de la guérilla kurde dans le nord de l'Irak, M. Erdogan a promis que l'arme turque "entrerait jusque dans le moindre repaire des terroristes" du PKK qui dispose de bases arrières dans les montagnes du Kurdistan irakien.

L'aviation turque a mené ces dernières semaines plusieurs frappes contre ces bases.

Dans le citer nommément, M. Erdogan a de nouveau attaqué le principal parti pro-kurde de Turquie, le parti démocratique des peuples (HDP) qui a pour la première fois réussi lors des élections législatives de juin à franchir la barre des 10% des voix avec 13% des suffrages et envoyer 80 députés (sur 550) au Parlement d'Ankara.

- Le parti pro-kurde bête noire d'Erdogan -

La réussite des Kurdes a privé le parti islamo-conservateur de la justice et du développement (AKP) au pouvoir de la majorité gouvernementale qu'il détenait depuis 12 ans et douché les espoirs de M. Erdogan de renforcer ses pouvoirs.

Pourtant censé être neutre, le président a exhorté dimanche les électeurs à ne pas voter pour le HDP, considéré par les autorités turques comme étant le bras politique du PKK, et à choisir l'AKP "pour que la paix revienne en Turquie".

"Le 1er novembre approche. Nous attendons de vous un dernier effort (...) Ce peuple fera le nécessaire" alors que la foule scandait "Nous ne voulons pas de PKK au Parlement".

"Turcs et Kurdes sont frères, ceux qui veulent les diviser sont des traîtres", a martelé pour sa part M. Davutoglu et d'ajouter: "la lutte contre les terroristes se poursuivra jusqu'à ce qu'ils déposent les armes".

Les participants à Yenikapi étaient uniquement autorisés à porter le drapeau turc. Beaucoup portaient un bandeau rouge ceint autour de la tête avec l'inscription: "les martyrs ne sont pas morts, la patrie ne pourra pas être divisée".

"Nous sommes venus pour défendre notre drapeau et nos martyrs. Les Turcs et les Kurdes sont frères, il n'y a pas de différence, ceux qui veulent nous diviser n'y arriverons pas", a déclaré à l'AFP Günel Yildiz, 43 ans, salariée dans le textile, qui agitait un grand drapeau turc.

"Nous soutiendrons Erdogan jusqu'au bout (...) on ne le laissera pas tomber, nous sommes derrière lui parce qu'il défend notre drapeau et notre nation", a-t-elle continué.

Les détracteurs du chef de l'Etat l'accusent d'attiser les tensions nées des combats entre l'armée et le PKK pour remporter les élections de novembre.

L'AKP et et M. Erdogan restent encore très populaires parmi les masses.

"Nous avons de l'espoir pour les élections à venir. Ils (l'AKP) ont permis la fraternité dans le pays (...) si l'AKP ne gagne pas les élections, les autres feront tout pour diviser le pays", a estimé Mustafa Sahin, un septuagénaire à la retraite.

Les précédentes élections n'ont pas permis de constituer un gouvernement de coalition avec l'AKP, premier parti mais sans majorité, poussant M. Erdogan a convoquer un nouveau scrutin.

Selon un bilan officieux, les violences actuelles ont déjà fait plus de 130 morts dans les rangs de l'armée et de la police et plusieurs centaines de tués dans ceux du PKK.

L'escalade a mis un terme aux discussions de paix engagées fin 2012 par le gouvernement d'Ankara avec le PKK pour mettre un terme au conflit kurde, qui a fait quelque 40.000 morts depuis 1984.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.