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Turquie: le couvre-feu à nouveau suspendu sur la ville de Cizre (sud-est)


Lundi 14 septembre 2015 à 17h28

Diyarbakir (Turquie), 14 sept 2015 (AFP) — Les autorités turques ont annoncé avoir levé lundi matin le couvre-feu imposé la veille sur Cizre (sud-est) en raison des opérations menées dans la ville par les forces de sécurité turques contre les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Le couvre-feu imposé le dimanche 13 septembre à partir de 19h00 (16h00 GMT) sur le centre de Cizre a été levé le lundi 14 septembre à 7h00 (4h00 GMT)", a indiqué dans un communiqué le gouverneur de la province de Sirnak, sans autre détail.

Cette ville de 120.000 habitants, située près des frontières syrienne et irakienne, est devenue l'un des points chauds des combats meurtriers que se livrent depuis la fin juillet les forces de sécurité turques et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.

Les autorités turques avaient déjà imposé le 4 septembre un couvre-feu très strict aux habitants de Cizre, un bastion des rebelles. Il avait été levé samedi après huit jours de violents affrontements dans plusieurs quartiers de la ville.

Une trentaine de combattants du PKK et un civil ont été tués, a indiqué le gouvernement.

Le principal parti prokurde du pays, le Parti démocratique des peuples (HDP), a contesté ce bilan et accusé l'armée et la police d'avoir tué 21 civils tués, dont des enfants.

Elu du HDP, le ministre du Développement de l'actuel gouvernement de transition, Muslum Dogan, a précisé lundi que parmi ces victimes civiles figuraient un bébé de 35 jours et une femme de 86 ans. "Est-ce qu'un bébé de 35 jours peut être considéré comme un terroriste", a-t-il lancé devant la presse.

Le HDP a également dénoncé le blocus imposé à la population de la ville, bastion du PKK.

Dimanche, des milliers d'habitants de Cizre ont défilé dans les rues de la ville à l'occasion des funérailles de 16 personnes.

Outre Cizre, le couvre-feu a également été levé lundi dans certains de quartiers de Diyarbakir, la "capitale" kurde du sud-est, et dans la ville voisine de Silvan, théâtre la veille d'un attentat du PKK qui a tué un policier la veille.

La reprise des combats fin juillet a suspendu les discussions de paix engagées à l'automne 2012 par le gouvernement islamo-conservateur d'Ankara avec le PKK, afin de mettre un terme à un conflit qui a déjà fait quelque 40.000 morts depuis 1984.

Lundi, le chef de file du HDP Selahattin Demirtas, accusé par le président Recep Tayyip Erdogan de soutenir le PKK, a lancé un nouvel appel au calme. "Nous n'incitons en aucun cas les jeunes Kurdes à la guerre ou à la violence. Pas besoin d'armes, nous sommes vos premiers avocats", a-t-il lancé lors d'un discours à Mus (est).

Des élections législatives anticipées sont prévues le 1er novembre en Turquie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.