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Le leader prokurde de Turquie appelle l'UE et l'Otan à condamner une "guerre injustifiée"


Jeudi 6 août 2015 à 18h20

Bruxelles, 6 août 2015 (AFP) — Le dirigeant du parti prokurde de Turquie, Selahattin Demirtas, a appelé jeudi "le monde entier" à condamner la "guerre injuste et injustifiée" que mène l'armée turque contre la guérilla du PKK et a demandé à l'UE d'appeler "très clairement" à un cessez-le-feu.

"Le monde entier doit vraiment crier que cette guerre est une guerre injuste et injustifiée", a déclaré à Bruxelles M. Demirtas, co-président du Parti démocratique du peuple (HDP), à propos de la campagne de bombardements déclenchée par la Turquie le 24 juillet qui vise, à quelques exceptions près, des bases du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak.

Lors d'une réunion d'urgence, la semaine dernière, à Bruxelles, l'Otan avait assuré la Turquie, l'un des piliers de l'Alliance atlantique, de sa "forte solidarité" face au "terrorisme", mettant sur le même plan le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et le PKK.

"L'Union européenne doit très clairement et ouvertement soutenir une (reprise des) négociations entre le PKK et la Turquie", a plaidé M. Demirtas dans un entretien à l'AFP.

"Ils doivent lancer un message" pour "soutenir la négociation entre (le fondateur incarcéré du PKK, Abdullah) Ocalan et le gouvernement turc, et les presser de conclure un cessez-le-feu", a-t-il insisté.

M. Demirtas est à Bruxelles pour rencontrer le chef de cabinet de la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, ainsi que Zübeyir Aydar, président du Congrès national kurde (KCK), l'aile politique du PKK.

Par le biais de M. Aydar, le leader du parti HDP - qui a obtenu 13% lors des dernières élections au Parlement turc - espère faire passer "indirectement" un "message" au PKK, classé organisation terroriste par la Turquie, l'UE et les Etats-Unis: "retourner à la table des négociations et que les parties en conflit entament un dialogue".

Le cycle de violences, qui a mis fin à trois années de trêve, a été déclenché par l'attentat suicide le 20 juillet à Suruç (sud), dans lequel 32 jeunes militants de la cause kurde ont trouvé la mort. Il a été attribué au groupe Etat islamique (EI), mais la guérilla kurde a aussitôt répliqué contre les forces de l'ordre turques, accusées de ne pas protéger la population locale.

Les bombardements turcs, lancés en représailles à l'attentat de Suruç, ont touché en majorité des cibles du PKK, et quelques positions de l'EI, dans le nord de la Syrie et en Irak. La guérilla kurde a répliqué en attaquant des représentants des forces de l'ordre turcs, faisant au moins 20 morts.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.