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Berlin expulse deux diplomates après la condamnation à mort d'un Germano-Iranien


Mercredi 22 février 2023 à 11h35

Berlin, 22 fév 2023 (AFP) — Le gouvernement allemand a annoncé mercredi l'expulsion de deux diplomates iraniens en représailles à la condamnation à mort d'un dissident germano-iranien.

Agé de 67 ans, Jamshid Sharmahd, a été condamné à mort mardi, une décision qui a révulsé Berlin et des ONG de défense des droits de l'homme.

En représailles, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a "fait convoquer le chargé d'affaires de l'ambassade d'Iran" pour "l'informer que nous n'acceptions pas la violation massive des droits d'un ressortissant allemand".

"Le gouvernement a déclaré indésirables deux membres de l'ambassade iranienne et leur a demandé de quitter l'Allemagne dans un bref délai", a annoncé la ministre, demandant la révocation de la "condamnation à mort de Jamshid Sharmahd" et "une procédure d'appel équitable et conforme à l'Etat de droit".

- "Réaction significative" -

Mme Baerbock avait déjà prévenu mardi que l'application éventuelle de cette sentence "entraînerait une réaction significative" de Berlin.

Jamshid Sharmahd avait été présenté devant un tribunal à Téhéran en février 2022 en étant accusé d'avoir participé à un attentat contre une mosquée à Chiraz, dans le Sud de l'Iran, qui avait fait 14 morts en avril 2008.

La justice lui a reproché en outre d'avoir établi des contacts avec des "officiers du FBI et de la CIA" américains et d'avoir "tenté de contacter des agents du Mossad israélien".

Les soutiens de M. Sharmahd en Allemagne avaient rejeté ces accusations, exhortant Berlin à "agir immédiatement" pour "sauver [sa] vie".

La famille du dissident disait craindre que ne lui soit réservé le même sort qu'à l'opposant iranien Ruhollah Zam, réfugié en France, pendu en décembre 2020 en Iran après avoir quitté Paris pour l'Irak où ses partisans affirment qu'il a été arrêté par les autorités iraniennes.

La condamnation à mort de Jamshid Sharmahd a été prononcée par un tribunal de première instance et peut donc faire l'objet d'un recours devant la Cour suprême.

L'Iran avait annoncé en août 2020 l'arrestation du dissident qui résidait alors aux Etats-Unis, lors d'une "opération complexe", sans préciser ni où ni comment ni quand il a été arrêté.

Selon sa famille, il a été enlevé par les services de sécurité iraniens alors qu'il était en transit à Dubaï et amené de force en Iran.

- "Otage" -

Cette condamnation a été dénoncée par plusieurs ONG comme Amnesty International.

"Ils ont kidnappé Jamshid Sharmahd et maintenant ils l'envoient à la mort après un simulacre de procès", a dénoncé mardi Mahmood Amiry-Moghaddam, le directeur de l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège.

"En fait, la République islamique menace tout simplement de tuer un otage", a-t-il fustigé.

Téhéran avait provoqué une vague d'indignation internationale après avoir exécuté en janvier un ancien haut responsable du ministère iranien de la Défense, l'Irano-Britannique Alireza Akbari, reconnu coupable d'espionnage.

Un autre opposant, l'Irano-Suédois Ahmadreza Djalali, risque également d'être pendu. Cet universitaire avait été arrêté lors d'une visite en Iran en avril 2016 et condamné à mort en 2017 pour espionnage pour le compte d'Israël. Selon sa famille, il est toujours dans le couloir de la mort.

La condamnation à mort de Jamshid Sharmahd a été annoncée au lendemain de nouvelles sanctions de l'Union européenne contre l'Iran. Deux ministres iraniens et 30 autres personnes ont été sanctionnés lundi par l'UE pour la répression des manifestations en Iran organisées depuis la mort en détention, le 16 septembre, d'une jeune Kurde iranienne, Mahsa Amini.

Au moins 16 détenteurs de passeports occidentaux, dont six Français, sont détenus en Iran.

La plupart d'entre eux sont des binationaux mais l'Iran ne reconnaît pas le statut de la double nationalité pour ses ressortissants.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.