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Turquie : interdiction d'un rassemblement de soutien à une députée en grève de la faim


Vendredi 15 février 2019 à 17h29

Diyarbakir (Turquie), 15 fév 2019 (AFP) — La police turque a interdit vendredi un rassemblement de soutien à une députée kurde en grève de la faim depuis 100 jours en solidarité avec le chef historique emprisonné de la rébellion kurde Abdullah Öcalan, a constaté un correspondant de l'AFP.

Ce rassemblement à Diyarbakir, la grande ville du sud-est de la Turquie majoritairement peuplée de Kurdes, pour soutenir Leyla Güven devait coïncider avec le 20e anniversaire de la capture d'Abdullah Ocalan par les services turcs au Kenya.

Mme Güven, 55 ans, avait entamé sa grève de la faim le 8 novembre, de la prison où elle avait été enfermée après avoir été arrêtée en janvier 2018 pour avoir critiqué l'offensive militaire turque alors en cours dans l'enclave en majorité kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie. Elle a été remise en liberté conditionnelle le 25 janvier, mais a décidé de poursuivre dans sa maison à Diyarbakir son jeûne pour dénoncer l'isolement de M. Ocalan.

Dans un geste d'apaisement, les autorités ont permis au frère d'Abdullah Öcalan, Mehmet, de lui rendre visite mi-janvier pour la première fois depuis 2016.

La police de Diyarbakir a empêché de petits groupes de partisans de Mme Güven de se rapprocher de sa maison pour le rassemblement prévu, selon le correspondant de l'AFP.

Seul un groupe de députés du Parti démocratique des peuples (HDP), la formation politique de Mme Güven, a été autorisé à s'approcher des barrières dressées par les policiers.

Selon le HDP, plus de 200 prisonniers sont actuellement en grève de la faim en solidarité avec elle.

"Notre plus grand défi aujourd'hui est de tout mettre en oeuvre pour soutenir ces grèves de la faim afin de briser l'isolement", auquel est soumis M. Ocalan, a déclaré la députée Dirayet Tasdemir.

Abdullah Öcalan, le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a été capturé au terme d'une longue cavale par les services secrets turcs le 15 février 1999 devant l'ambassade de Grèce à Nairobi, avant d'être ramené en Turquie et emprisonné dans l'île-prison d'Imrali, non loin d'Istanbul, où il purge une peine de prison à vie.

Malgré un isolement quasi-total, M. Öcalan reste une figure de proue non seulement pour la rébellion kurde en Turquie, où le conflit avec l'Etat a fait plus de 40.000 morts depuis 1984, mais aussi pour les mouvements kurdes ailleurs dans la région, notamment en Syrie.

Une délégation internationale, constituée en particulier de syndicalistes et de militants des droits de l'homme, a rencontré vendredi les avocats de M. Öcalan à Istanbul.

"Les rencontres avec la famille sont un droit fondamental. Il ne devrait pas y avoir besoin de faire une grève de la faim (pour obtenir cela)", a déclaré à la presse l'un de ses avocats, Emran Emekçi.

La délégation a rencontré Mme Güven à Diyarbakir cette semaine, mais affirme qu'aucun responsable gouvernemental ne l'a reçue.

"La situation des grévistes de la faim est à un stade dangereux et il est impératif que la Turquie agisse pour mettre fin à l'isolement (d'Abdullah Öcalan) maintenant avant qu'il n'y ait de nouvelles violences", a déclaré Ögmundur Jonasson, un ancien ministre islandais de la Justice.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.