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La chanteuse turque Cigdem Aslan porte-voix du Rébétiko à l'Opéra de Rennes


Mardi 12 juin 2018 à 23h29

Rennes, 12 juin 2018 (AFP) — Migration, séparation, exil: la chanteuse turque d'Anatolie Cigdem Aslan, kurde et alevi, a entonné mardi à Rennes ces thèmes qui ont façonné le Rébétiko, musique nostalgique à la fois turque et grecque, incarnant le brassage culturel dans un Moyen-Orient en conflit.

De sa voix de velours, au rythme des percussions, du kanoun, du violon et de la contrebasse, cette avocate de la convergence hélléno-turque âgée de 38 ans, née à Istanbul et résidant à Londres, a clôturé en beauté le programme "Divas du monde" de l'Opéra de Rennes.

Cigdem Aslan est une des rares artistes turques à chanter le Rébétiko, musique apparue dans les années 1920 lors de la guerre opposant alors la République d'Ataturk à la Grèce. Ce mode d'expression s'est modelé dans les ports d'Asie mineure du fait des échanges forcés entre populations des deux pays contraints à l'exode massif.

Dans ces ports, des musiciens des diverses communautés "fumaient, buvaient et improvisaient", a expliqué sur scène Cigdem Aslan, pour définir cette musique proscrite comme décadente par les autorités grecques et turques.

Celle qui a publié en 2016 l'album "A Thousand Cranes" ("un millier de Grues") en hommage aux migrants pour qui elle a donné un concert dans un camp à Calais, a chanté à Rennes en grec, en turc et en kurde.

"Mon projet musical est de montrer combien est riche la culture d'Anatolie, par la diversité, les différentes cultures qui y existent encore", explique-t-elle à l'AFP.

"Je veux montrer cette diversité dans les langues originales. Les chants que je chante en grec, parfois, ils sont d'origine grecque mais nous les avons entendus en turc, à cause de l'assimilation; la même chose se passe pour les chansons kurdes ou arméniennes".

Elle vient, dit-elle, de Sivas au centre de l'Anatolie, village mixte, "où il y a des Turcs, des Kurdes et ...des tombes arméniennes."

Ses thèmes, explique-t-elle, tournent "autour du manque du pays natal perdu, de la vie souterraine des réfugiés, de leurs conditions dégradées dans les villes".

Le temps d'un concert, Cigdem Aslan sait entraîner le spectateur dans une Anatolie terre de rencontre privilégiée de l'Occident et de l'Orient.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.