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Syrie: la Turquie peut entrer "à tout moment" dans le centre d'Afrine, affirme Erdogan


Vendredi 9 mars 2018 à 17h56

Ankara, 9 mars 2018 (AFP) — Les forces turques peuvent entrer "à tout moment" dans la ville d'Afrine, bastion dans le nord-ouest de la Syrie d'une milice kurde soutenue par les Etats-Unis, a affirmé vendredi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"L'objectif, maintenant, c'est Afrine (...) Désormais, le centre d'Afrine est dans une situation d'encerclement. Nous sommes face à la possibilité d'entrer à tout moment dans Afrine", ville tenue par les Unités de protection du peuple (YPG), a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara.

Ces déclarations surviennent après sept semaines d'offensive, au lendemain de la capture par des soldats turcs et leurs supplétifs syriens de la ville stratégique de Jandairis située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest d'Afrine.

En revanche, contrairement à ce qu'a déclaré vendredi M. Erdogan, le district central d'Afrine n'est pas entièrement encerclé: les forces d'Ankara progressent lentement vers la ville depuis toutes les directions, sauf depuis le sud-est, aux mains des YPG.

Selon les médias d'Etat turcs, les forces d'Ankara se sont emparées du barrage d'Afrine, également connu sous le nom de Barrage du 17 avril, importante source d'eau et d'énergie électrique pour la région.

L'offensive turque contre les YPG a commencé le 20 janvier et a été marquée par une progression lente et coûteuse en hommes. Selon l'état-major turc, 42 soldats turcs ont été tués.

Elle a aussi renforcé les tensions entre Ankara et Washington : si la Turquie considère les YPG comme un groupe "terroriste", les Etats-Unis soutiennent ces combattants kurdes qu'ils considèrent comme le meilleur rempart en Syrie contre le groupe Etat islamique (EI).

Alors que les dirigeants turcs et américains ont tenté ces dernières semaines d'apaiser les tensions, M. Erdogan a de nouveau versé de l'huile sur le feu vendredi en affirmant que le prochain objectif d'Ankara était une ville à l'est d'Afrine où Washington a déployé des soldats.

"Nous sommes à Afrine aujourd'hui. Demain, nous irons à Minbej. Après-demain, nous passerons à l'est de l'Euphrate pour éliminer les terroristes jusqu'à la frontière irakienne", a lancé le président turc.

Les observateurs s'interrogent sur les perspectives d'un assaut sur Afrine, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les milliers de civils qui s'y trouvent encore.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), l'offensive turque a déjà coûté la vie à près de 200 civils. L'armée turque nie en bloc et affirme prendre "toutes les précautions" pour éviter de toucher les populations.

Par ailleurs, un assaut contre Afrine serait ardu, de nombreux éléments des YPG y étant retranchés. Les combattants kurdes ont d'ailleurs annoncé cette semaine le redéploiement de 1.700 des leurs dans la région d'Afrine.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.