Page Précédente

Ankara demande à Berlin l'extradition d'un responsable kurde syrien


Lundi 5 mars 2018 à 17h47

Ankara, 5 mars 2018 (AFP) — La Turquie a transmis à l'Allemagne une demande formelle d'arrestation et d'extradition du responsable kurde syrien Saleh Muslim, quelques jours après sa brève arrestation en République tchèque à la demande d'Ankara, a rapporté lundi l'agence étatique Anadolu.

La demande d'"arrêter et d'extrader" M. Muslim à été adressée à l'Allemagne, où il s'est rendu après sa libération par les autorités tchèques, selon Anadolu.

Cette demande a été faite en lien avec un attentat à la voiture piégée qui a fait 36 morts à Ankara en mars 2016, revendiqué par des militants kurdes, selon Anadolu. Un tribunal turc avait demandé la semaine dernière l'arrestation de M. Muslim pour son implication présumée dans cette attaque.

Coprésident jusqu'à l'an dernier du Parti de l'union démocratique (PYD), M. Muslim, qualifié par la Turquie de "chef d'un groupe terroriste", avait été arrêté le 24 février à Prague, où il participait à une réunion.

La Turquie avait immédiatement demandé son extradition, mais il a été remis en liberté trois jours plus tard, "promettant" qu'il ne quitterait pas le territoire de l'Union européenne.

M. Muslim a ensuite été aperçu samedi à Berlin lors d'une manifestation contre l'offensive menée par la Turquie contre les Unités de protection du peuple (YPG), bras armé du PYD, dans le canton d'Afrine (nord-ouest de la Syrie).

Le PYD et les YPG sont considérés par Ankara comme une extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée "terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Des images de la manifestation de samedi montraient des drapeaux des YPG, ainsi que des portraits du chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, détenu en Turquie depuis 1999.

Une vidéo publiée sur Facebook par le PYD Berlin montrait également M. Muslim tenant un discours au cours de cette manifestation où il déclaré : "Nous croyons dans les juges en Europe. Les jeux (...) de la Turquie ne marcheront jamais en Europe. Je suis maintenant libre, et le serai jusqu'à ce que nous obtenions la victoire à Afrine et en Syrie".

Saleh Muslim fait l'objet depuis novembre 2016 d'un mandat d'arrêt émis par les autorités turques, en lien avec un autre attentat commis à Ankara en février 2016 (29 morts), dans lequel il a nié toute implication. Il risque 30 peines de prison à perpétuité s'il est jugé en Turquie.

Sa remise en liberté à Prague a provoqué la colère des autorités turques, qui ont qualifié cette décision de "scandaleuse" et "inacceptable".

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a indiqué qu'il aborderait la question avec son homologue allemand Sigmar Gabriel au cours d'une rencontre prévue mardi à Berlin.

"Nos efforts ne sont pas limités à la République tchèque ou à l'Allemagne", a-t-il ajouté, interrogé par la presse. "Que Saleh Muslim aille où il veut, nous ne lâcherons pas l'affaire".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.