Après Doujaïl, Saddam Hussein pourrait être jugé pour l'opération Anfal

Info [AFP - 15 septembre 2005]

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 'ancien président irakien Saddam Hussein pourrait être jugé pour l'opération Anfal, qui a coûté la vie en 1988 à des milliers de Kurdes, après son procès devant le Tribunal spécial irakien (TSI) pour des meurtres à Doujaïl, a-t-on appris jeudi de source proche du tribunal.

Selon cette source, ce procès pourrait avoir lieu avant la fin de l'année si l'ancien dictateur n'est pas exécuté entre-temps, après une éventuelle condamnation à mort lors du procès du massacre de Doujaïl qui doit s'ouvrir le 19 octobre.

"L'instruction avance bien" et le "juge instructeur a rassemblé beaucoup de preuves extrêmement importantes", comme des enregistrements audio ou des preuves découvertes dans des charniers au Kurdistan, a dit cette source.

Parmi les nombreux crimes qui sont imputés à Saddam Hussein, figurent les déplacements massifs de populations kurdes et des tueries massives au cours de l'opération Anfal, qui a fait quelque 182.000 morts au début de 1988.

Fin août, le chef des juges d'instruction du TSI est allé au Kurdistan d'Irak pour réunir des preuves contre lui auprès des victimes de l'opération Anfal et sur le gazage du village kurde de Halabja, qui a fait 5.000 morts, début 1988.

Saddam Hussein et sept anciens hauts responsables de son régime seront jugés à partir du 19 octobre pour le massacre de 143 chiites en 1982 à Doujaïl, au nord de Bagdad. Ils risquent la peine de mort.

L'ex-président sera jugé avec notamment Taha Yassine Ramadan, ancien vice-président, et Barzan Ibrahim al-Hassan, son demi-frère et ex-patron des renseignements, ainsi que cinq autres hauts responsables.

S'ils "sont condamnés à mort au cours du premier procès, le nouveau statut du tribunal dit que la peine doit être appliquée dans les 30 jours après que les (procédures) d'appels soient achevées", a affirmé cette source.

A la question de savoir s'il était possible que Saddam Hussein soit exécuté après une condamnation dans l'affaire de Doujaïl, cette source a répondu: "C'est possible. Mais il est difficile de prédire quoi que ce soit".

S'il y a un appel, "je ne pense pas que le processus s'enlise", a-t-elle ajouté.

Cette source a par ailleurs assuré que l'avocat de Saddam Hussein, Khalil Doulaïmi avait accès à tous les documents de l'accusation. "Son avocat a accès au dossier d'accusation", et "il peut rencontrer son client à chaque fois qu'il le demande, et ce depuis le début".

A plusieurs reprises, depuis l'inculpation en juillet de Saddam Hussein pour l'opération de Doujaïl et l'annonce de la date du procès, son équipe de défense s'est plainte de ne pas avoir accès aux pièces du tribunal. Elle a également plusieurs fois affirmé qu'elle n'avait reçu aucune accusation formelle contre l'ancien dictateur.

"L'acte d'accusation, les témoignages, les preuves ont été mises à la disposition de l'équipe de défense", a dit la même source, affirmant que toutes les charges retenues à l'encontre de Saddam Hussein lui avaient été notifiées.