Conferences : Democratisation of the Middle East : Lili Charoeva
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Section INTERVENANTS
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Nina Larsson tillbaka från Irak
Lotta Hedström
Nina Larsson är på väg till Kurdistan


Chroniques de Marc Kravetz
France-Culture
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C  O N  F E R É N C E   I N T E R N A T I O N A L E
Démocratisation du Moyen-Orient
Problèmes & Perspectives

19-20 novembre 2005
Organisée par l'Institut kurde de Paris en partenariat avec Ministère de la Culture du Kurdistan
Gouvernement régional du Kurdistan irakien, Erbil - Kurdistan

avec le soutien du Ministère français des Affaires étrangères (DGCID).



LE RÔLE DE LA DIASPORA DANS LA SOCIÉTÉ

Par Lili Charoeva (*)

Le dictionnaire Larousse définit une diaspora comme "la dispersion d'un peuple ou d'une ethnie à travers le monde". Le mot, d'origine grecque, désigne également la dispersion d'un peuple hors de son pays d'origine.

Les Kurdes se sont retrouvés dispersés dans quatre pays au début du XXe siècle et leur histoire a été marquée par des persécutions. Ils ont été obligés de quitter leurs terres et leurs maisons, de partir vers d'autres pays. On a assisté à des vagues d'exode massif entre 1960 et 2000. On se souvient bien de l'exode des Kurdes après Halabja, Anfal, la guerre du Golfe... On se souvient de la guerre du gouvernement turc contre sa propre population, de la destruction de plus de 3 500 villages et de l'exode de deux millions de Kurdes de Turquie. On se souvient du conflit entre l'Irak et l'Iran de 1980 à 1988. Les gens quittaient leur pays quand le malheur devenait intolérable; l'exode était la seule solution qui leur restait. Aujourd'hui, il existe une diaspora kurde répartie dans les cinq continents, aux quatre coins du monde, y compris au Canada.

La communauté diasporique représente une culture différente de celle du pays où elle se trouve, les sentiments d'appartenance à une nation demeurent. Les gens ne peuvent pas oublier leur langue maternelle, leurs traditions et leurs racines. C'est une affaire de coeur, d'identité également. C'est pourquoi les gens créent des associations, étudient leur langue, essaient de garder des relations avec leur pays d'origine. Pour les Kurdes non plus, l'intégration n'est pas chose facile, mais on peut constater qu'ils sont très ouverts à d'autres cultures. L'attachement au pays d'accueil progresse vite et la nouvelle patrie devient la terre natale.

Au Canada, les communautés kurdes les plus considérables se trouvent au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique. On compte à peu près 45 000 à 50 000 Kurdes au Canada, mais ce ne sont pas des chiffres exacts étant donné que beaucoup de Kurdes, pour des raisons compréhensibles, s'identifient comme Iraniens, Irakiens, Turcs ou Syriens.

L'influence des cultures turque, arabe, perse et russe étant très forte, la diversité culturelle et ethnique de la communauté kurde est une réalité évidente. Malheureusement, parfois ça devient un facteur de division au sein de la diaspora kurde. Depuis sa création, l'Institut kurde de Montréal s'efforce de réunifier la communauté kurde. Je sais que la population kurde vit les mêmes problèmes dans beaucoup de pays d'accueil.

Au Canada, l'immigration kurde est très récente par rapport à celle d'autres communautés, par exemple les Juifs et les Arméniens. On sait bien quel rôle important jouent ces deux communautés pour leur patrie et quelle aide immense à travers le monde apportent ces diasporas à leurs nations respectives.

C'est la communauté arménienne qui a aidé la République arménienne après le tremblement de terre de 1988. C'est la diaspora qui a en grande partie financé les travaux de restauration et de reconstruction dans la capitale de l'Arménie. C'est le peuple arménien de l'étranger qui a aidé à créer un pays indépendant et qui envoie une aide humanitaire massive chaque année. En 2005, le Fonds arménien a lancé un téléthon qui a rapporté plus de 7,7 millions de dollars. L'Assemblée arménienne d'Amérique et le Comité national arménien d'Amérique, deux "lobbies" très puissants et déterminés basés à Washington, luttent en faveur de la reconnaissance du génocide de 1915. C'est grâce aux effort de la diaspora arménienne que ce génocide a été reconnu par la France en 2001 et dans d'autres pays. On pourrait continuer la liste des réalisations de la diaspora arménienne. C'est un bon exemple pour les Kurdes.

La responsabilité et l'attitude du pays d'accueil sont également très significatives et très importantes. La langue kurde, interdite pendant près de 80 ans en Turquie, a trouvé un refuge dans un autre pays d'accueil. Je parle de la Suède, un pays qui a fait tellement pour les Kurdes. Ce pays scandinave est devenu pour les Kurdes un lieu privilégié pour le développement de la littérature kurde. Des centaines de livres y sont publiés chaque année.

C'est évident que la diaspora peut jouer un rôle très important dans la vie du pays d'origine, en raison des relations économiques, politiques et culturelles. Silvio Berlusconi a créé un poste ministériel dans son gouvernement pour veiller aux relations avec la diaspora italienne. Il comprend très bien que la diaspora italienne aux États-Unis est puissante et qu'à l'ère de la mondialisation et de la communication universelle, les liens d'échange entre pays d'origine et pays d'accueil sont profitables. En plus de faire des investissements majeurs, la communauté peut diriger vers la mère patrie les connaissances acquises à l'étranger.

Dès sa création, l'Institut kurde de Montréal s'est fixé les objectifs suivants: sauvegarder la langue et la culture kurdes, intégrer la population kurde dans la société d'accueil, favoriser le dialogue interculturel, faire connaître à la population les Kurdes, leur histoire et leur situation actuelle, enfin promouvoir des relations étroites avec les pays d'origine.

Nous avons plusieurs grand projets pour 2006, mais je voudrais en mentionner deux qui se préparent en collaboration étroite avec l'Institut kurde de Paris et le Gouvernement régional du Kurdistan: un colloque sur les échanges entre le Québec et le Kurdistan ainsi qu'une rétrospective du cinéma kurde, deux événements qui auront lieu à Montréal, le premier au printemps et le second à l'automne.

La solidarité, la collaboration et les relations de partenariat entre différentes institutions sont des signes d'espérance. Pendant plusieurs années, nous avons été séparés; c'est maintenant le temps de la réunification! Puissent les communautés kurdes dans tous les coins du monde être de plus en plus unies, actives, puissantes et solidaires.

Nous aimons notre Kurdistan qui, s'il n'existe pas sur la carte, existe toujours dans notre esprit et notre coeur. C'est un amour inconditionnel et pour toujours, parce que nous sommes tes enfants, Kurdistan, nous qui sommes dispersés à travers le monde. La diaspora kurde te regarde et prie pour toi! (*) Présidente de l'Institut kurde de Montréal