La justice turque rejette une demande de remise en liberté de Leyla Zana

ANKARA, 16 jan (AFP) - 15h35 - La justice turque a rejeté vendredi -- pour la 10ème fois -- une demande de remise en liberté de l'ex-députée kurde Leyla Zana et de trois de ses collègues, actuellement rejugés pour soutien à la rébellion séparatiste kurde.

La Cour de sûreté de l'Etat d'Ankara a rejeté la demande de Leyla Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak, condamnés en 1994 à 15 ans de prison, mais rejugés depuis l'an dernier dans le cadre de nouvelles procédures mises en oeuvre par la Turquie pour intégrer l'Union européenne.

Interrogé sur la décision du tribunal, le président de la Commission européenne, Romano Prodi, qui participait à une conférence de presse à Istanbul aux côtés du ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gul, a déclaré: "Je suis très, très désolé".

Le parlement européen a plusieurs fois appelé à la libération des anciens députés, dans l'attente de la conclusion de leur nouveau procès.

M. Prodi, dans un discours jeudi soir au parlement turc, avait lui-même souligné que l'UE suivait avec attention ce nouveau procès.

En 2001, la Cour européenne des droits de l'Homme avait estimé que leur premier procès s'était déroulé de façon inéquitable et avait demandé à la Turquie de les rejuger. La Cour de Strasbourg avait notamment critiqué le fait que les accusés n'avaient pu faire comparaître tous leurs témoins et que l'accusation avait tardé à notifier de nouvelles inculpations.

Le parlement turc, dans le cadre de mesures destinées à favoriser le rapprochement du pays avec l'UE, a adopté une loi autorisant de nouveaux procès pour les prévenus dont les sentences ont été condamnées par la Cour européenne des droits de l'homme.

Fin février 2003, la Cour de sûreté de l'Etat avait autorisé la tenue d'un nouveau procès.

La prochaine audience de ce procès a été fixée au 20 février prochain.

Mme Zana a reçu en 1995 le prix Sakharov de la liberté de pensée décerné par le Parlement européen.

Les quatre ex-députés doivent en principe sortir de prison en juin 2005, par le jeu des réductions de peine prévues par la loi turque.