La défense s'attend à la confirmation de la condamnation de Leyla Zana

ANKARA, 2 avr (AFP) - 13h45 - La justice turque a entendu vendredi les derniers arguments dans un nouveau procès de l'ex députée Leyla Zana et trois collègues, condamnés à 15 ans de prison pour soutien à la rébellion kurde, alors que la défense affirmait s'attendre à une confirmation de ces sentences.

Un verdict, rendu par les trois juges de la Cour de sûreté de l'Etat d'Ankara, pourrait être prononcé à l'issue de cette 13ème et dernière audience de ce nouveau procès, qui s'est ouvert il y a un an.

Le procès, voulu par la Cour européenne des droits de l'Homme qui avait estimé que le premier jugement en 1994 s'était déroulé de façon inéquitable, a été autorisé par le parlement turc dans le cadre de mesures destinées à favoriser le rapprochement du pays avec l'Union européenne.

L'avocat pour la défense, Yusuf Alatas, a toutefois déclaré à l'AFP qu'il s'attendait à une confirmation des condamnations prononcées contre Mme Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak.

"Je pense que le tribunal va confirmer les sentences prononcées en 1994. Nous ferons alors appel et, si besoin, irons devant le Cour européenne des droits de l'Homme", a-t-il affirmé.

"Nous ne pouvons pas dire que ce procès a été sain et équitable", a ajouté l'avocat en s'adressant à la Cour vendredi matin.

Les trois juges, selon lui, ont fait preuve de parti pris en favorisant le procureur et en conduisant le procès de la même façon qu'en 1994.

Le nouveau procès est suivi de près à l'étranger, notamment par le parlement européen qui en a fait une pierre de touche de la volonté de réforme démocratique de la Turquie qui veut adhérer à l'UE.

Mme Zana a reçu en 1995 le prix Sakharov de la liberté de pensée décerné par le Parlement européen.

Dans une lettre ouverte au Prix Nobel de la Paix 2003, l'Iranienne Shirin Ebadi, et à Danielle Mitterrand, veuve du président français, Mme Zana s'est montrée pessimiste sur l'issue du procès.

"L'ancien verdict aura peut être été confirmé lorsque vous recevrez cette lettre. Nous savions et nous attendions à un tel résultat", a affirmé Mme Zana, 43 ans, dans cette lettre datée du 30 mars, écrite de prison et dont copie a été obtenue par l'AFP.

"Sous prétexte d'un nouveau procès, c'est l'ancien qui s'est à nouveau déroulé", selon Mme Zana pour qui "le gouvernement n'a voulu ce procès que comme faire-valoir en matière de politique étrangère".

Interrogé vendredi matin sur le procès, le ministre de la Justice Cemil Cicek a estimé que les tribunaux étaient indépendants et ne pouvaient "juger en fonction d'attentes politiques".

Les inculpés, auxquels le tribunal avait refusé la libération conditionnelle en attendant l'issue du procès, ont à nouveau boycotté vendredi l'audience.

Plusieurs observateurs, dont des représentants du parlement européen, étaient présents.

Les accusés, dont le parti a été dissout en juin 1994, pour "séparatisme", avaient été condamnés pour "création et appartenance à une bande illégale", en l'occurrence, le Parti clandestin des Travailleurs du Kurdistan (PKK), aujourd'hui rebaptisé Kongra-Gel.