La justice turque doit rendre son verdict contre Leyla Zana

ANKARA, 2 avr (AFP) - 10h35 - La justice turque devait rendre vendredi son verdict dans le nouveau procès à l'encontre de l'ex-députée Leyla Zana et trois de ses collègues, condamnés en 1994 à 15 ans de prison pour soutien à la rébellion séparatiste kurde.

La Cour de sûreté de l'Etat d'Ankara devait se prononcer sur la culpabilité de Leyla Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak, anciens députés du parti pro-kurde de la Démocratie (DEP) qui ont été rejugés dans le cadre de nouvelles procédures judiciaires mises en oeuvre par la Turquie pour entrer dans l'Union européenne.

La condamnation des quatre ex-députés en 1994 avait été vivement condamnée en Europe et Leyla Zana, 43 ans, est devenue une cause célèbre, le parlement européen lui décernant le prix Sakharov des droits de l'Homme en 1995.

En 2001, la Cour européenne des droits de l'Homme avait jugé que le premier procès s'était déroulé de façon inéquitable et avait demandé à la Turquie de les rejuger.

La Cour de Strasbourg avait notamment critiqué le fait que les accusés n'avaient pas pu faire comparaître tous leurs témoins et que l'accusation avait tardé à notifier de nouvelles inculpations.

Le parlement turc, dans le cadre de mesures destinées à favoriser le rapprochement du pays avec l'UE, a adopté en 2002 une loi autorisant de nouveaux procès pour les prévenus dont les sentences ont été condamnées par la Cour européenne des droits de l'homme.

Fin février 2003, la Cour de sûreté de l'Etat avait autorisé l'organisation d'un nouveau procès pour les ex-députés.

Les accusés, dont le parti a été dissous en juin 1994, pour "séparatisme", avaient été condamnés pour "création et appartenance à une bande illégale", en l'occurrence le Parti clandestin des Travailleurs du Kurdistan (PKK), aujourd'hui rebaptisé Kongra-Gel.

A l'ouverture du nouveau procès, le tribunal avait rejeté la demande de remise en liberté conditionnelle des accusés pendant la durée du procès et les ex-députés ont boycotté à plusieurs reprises les audiences.

Les avocats de Leyla Zana ont critiqué le déroulement du nouveau procès à plusieurs reprises, estimant qu'il n'était pas équitable.

"Nous avions un vrai espoir au début que ce procès soit équitable. Mais au bout de huit audiences, aucune de nos attentes ne s'est réalisée", avait récemment déclaré Yusuf Alatas devant la Commission des affaires étrangères et des droits de l'homme du parlement européen.

"Nous ne sommes pas du tout optimistes. Il s'agit d'un procès uniquement formel, la Turquie fait semblant d'appliquer la décision de la Cour européenne des droits de l'homme", selon l'avocat.

M. Alatas a notamment dénoncé les difficultés rencontrées pour permettre l'audition des témoins de la défense et le fait que le refus de libérer les anciens députés, après neuf ans d'emprisonnement, n'avait même pas été justifié.