L'affaire Zana révèle un "fossé" entre la Turquie et l'UE, selon le PE

STRASBOURG (Parlement européen), 22 avr 2004 (AFP) - 13h40 - Le Parlement européen a condamné jeudi la décision de la justice turque de confirmer la peine de 15 ans de prison contre l'ex-députée kurde Leyla Zana, estimant cette affaire "symbolique du fossé existant entre les systèmes judiciaires de la Turquie et de l'UE".

La sentence, "contraire aux indications fournies par la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg", et "en totale contradiction avec la réforme judiciaire engagée par le gouvernement turc", a été prononcée alors que les droits de la défense n'ont pas été respectés, estiment les eurodéputés.

Le Parlement demande "l'abolition immédiate des Cours de sûreté de l'Etat", telles que celle ayant condamné Mme Zana et ses co-accusés, et réclame également "une amnistie pour tous les condamnés pour délits d'opinion".

La Commission européenne avait déjà "déploré avec vigueur" mercredi la nouvelle condamnation, estimant que cette décision pourrait porter atteinte à la candidature d'Ankara à l'Union européenne.

"Mme Zana a été arrêtée et condamnée pour avoir exprimé des opinions d'une manière pacifique. Elle est donc pour nous une prisonnière politique", avait précisé un porte-parole de la Commission.

Leyla Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak avaient été condamnés lors de leur premier procès à quinze ans de prison pour soutien au Parti clandestin des Travailleurs du Kurdistan (PKK), aujourd'hui rebaptisé Kongra-Gel.

La Cour de sûreté de l'Etat (DGM) d'Ankara, où le nouveau procès s'était ouvert en mars 2003, a décidé mercredi à l'unanimité de ses trois juges de prononcer une sentence identique.

La condamnation des quatre ex-députés en 1994 avait pourtant été vivement condamnée en Europe. Leyla Zana, 43 ans, avait reçu du Parlement européen le prix Sakharov des droits de l'Homme en 1995.