La Commission européenne "déplore avec vigueur" la condamnation de Mme Zana

BRUXELLES, 21 avr (AFP) - 13h17 - La Commission européenne a "déploré avec vigueur" mercredi la nouvelle condamnation par la justice turque à 15 ans de prison de l'ex-députée kurde Leyla Zana et trois de ses collègues, disant qu'elle pourrait porter atteinte à la candidature d'Ankara à l'Union européenne.

"La Commission déplore avec vigueur le verdict d'aujourd'hui", a déclaré un porte-parole de la Commission européenne, Jean-Christophe Filori.

Le porte-parole s'exprimait après l'annonce de la condamnation des quatre anciens députés du parti pro-kurde de la Démocratie (DEP) à l'issue d'un nouveau procès voulu par la Cour européenne des droits de l'Homme qui avait jugé inéquitable un premier jugement, rendu en 1994.

Le verdict "crée des préoccupations sérieuses dans le contexte des critères politiques (de l'UE) et jette une ombre sur la mise en place des réformes politiques en Turquie", a ajouté M. Filori, porte-parole du commissaire chargé de l'élargissement, Guenter Verheugen.

La Commission doit publier plus tard dans l'année un rapport qui servira de base à la décision que devront prendre en décembre prochain les dirigeants de l'UE sur l'opportunité ou non d'ouvrir des négociations formelles d'adhésion avec Ankara.

M. Filori s'est refusé à évaluer l'impact de la condamnation de Mme Zana sur la position que prendra Bruxelles sur la Turquie.

"Je ne veux pas spéculer sur l'évaluation finale, mais c'est un élément qui sera pris en compte parmi d'autres lorsque nous ferons notre évaluation en octobre", a-t-il déclaré au cours du point de presse quotidien de la Commission à Bruxelles.

Interrogé sur la possibilité que l'Union entame des négociations d'adhésion avec un pays détenant des prisonniers politiques, M. Filori a déclaré: "La réponse est non".

"Mme Zana a été arrêtée et condamnée pour avoir exprimé des opinions d'une manière pacifique. Elle est donc pour nous une prisonnière politique", a-t-il ajouté.

Leyla Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak avaient été condamnés lors de leur premier procès à quinze ans de prison pour soutien au Parti clandestin des Travailleurs du Kurdistan (PKK), aujourd'hui rebaptisé Kongra-Gel.

La Cour de sûreté de l'Etat (DGM) d'Ankara, où le nouveau procès s'était ouvert en mars 2003, a décidé mercredi à l'unanimité de ses trois juges de prononcer une sentence identique

La condamnation des quatre ex-députés en 1994 avait pourtant été vivement condamnée en Europe. Leyla Zana, 43 ans, avait reçu du parlement européen le prix Sakharov des droits de l'Homme en 1995.

Leur principal avocat a dénoncé mercredi le nouveau verdict "inéquitable" de la Cour et précisé que la défense ferait appel devant la Cour de cassation et si nécessaire devant la Cour européenne des droits de l'Homme de Strasbourg.