Leyla Zana et ses trois collègues à nouveau condamnés à 15 ans de prison

ANKARA, 21 avr (AFP) - 10h36 - La justice turque a condamné une nouvelle fois mercredi à 15 ans de prison l'ex-députée kurde Leyla Zana et trois de ses collègues, à l'issue d'un nouveau procès voulu par la Cour européenne des droits de l'Homme qui avait jugé le premier jugement inéquitable.

Leyla Zana, Hatip Dicle, Orhan Dogan et Selim Sadak, anciens députés du parti pro-kurde de la Démocratie (DEP), avaient été condamnés une première fois en 1994 à quinze ans de prison pour soutien à la rébellion kurde.

Les quatre accusés boycottaient depuis plusieurs mois leur procès, protestant contre l'attitude des juges de la Cour de sûreté de l'Etat (DGM). Ils étaient absents lors de cette 14ème et dernière audience de leur nouveau procès.

Le principal avocat des ex-députés a dénoncé le nouveau verdict "inéquitable" de la Cour et précisé que la défense ferait appel.

"Les juges ont agi avec des préjugés (...) Nous avons travaillé pour rien pendant 13 mois" de procès, a dit Me Yusuf Alatas devant la presse à l'issue de l'annonce de la sentence.

Il a fait savoir qu'il ferait appel du jugement devant la Cour de cassation et si nécessaire ensuite devant la Cour européenne des droits de l'Homme de Strasbourg. "Je dois malheureusement dire avec regret que la Cour européenne annulera ce nouveau verdict et il s'agira alors d'un événement sans précédent", a-t-il notamment dit.

Le premier verdict avait été vivement condamné en Europe et Leyla Zana, 43 ans, était devenue un symbole pour l'Union européenne, à laquelle la Turquie souhaite adhérer, de la volonté d'Ankara de se démocratiser. En 1995, le parlement européen lui avait décerné le prix Sakharov des droits de l'Homme.

En 2001, la Cour européenne des droits de l'Homme avait critiqué le fait que, lors de leur procès, les accusés n'avaient pas pu faire comparaître tous leurs témoins et que l'accusation avait tardé à notifier de nouvelles inculpations.

Le parlement turc a depuis autorisé dans le cadre de réformes pro-européennes de nouveaux procès pour les prévenus dont les sentences ont été condamnées par la Cour européenne des droits de l'homme.

La défense et des militants de défense des droits de l'homme avaient critiqué à plusieurs reprises le déroulement du nouveau procès, estimant qu'il n'était pas plus équitable que le précédent.

Selon Me Alatas, Leyla Zana, Hatip Dicle et Orhan Dogan doivent être libérés de prison en mars 2005 et Selim Sadak en octobre de la même année.