L'Institut kurde de Paris
vous convie à la présentation du livre
Le samedi 24 novembre 2018 à 16h00
au siège de l’Institut
106 rue La Fayette, 75010 Paris
M° Poissonnière - Gare de l'Est - Gare du Nord
Novembre 2015. Il neige sur la maison d’arrêt de Villepinte. Tout est glauque dans cette prison. Les locaux trop petits, vétustes, surpeuplés. Les gardiens mal dans leur peau. Et les détenus regroupés en clans : les Corses mafieux, les Arabes radicalisés, les Gitans évangélistes, les Kosovars islamistes, des fascistes turcs, les Loups-Gris… Toute une faune où les malins manipulent les brutes, les forts écrasent les faibles, les riches achètent les pauvres. Mais certains refusent de s’affilier. Parmi eux, dans la même cellule, un Américain arrêté pour usage de drogue dans une soirée, un Kurde suspecté d’avoir éliminé des agents du MIT, le service secret turc. Deux hommes qui, a priori, n’ont rien en commun. Pourtant, peu à peu, ils finiront par lier une solide amitié, ce qui ne sera pas superflu pour survivre dans ce monde de violences et de combines.
Le lecteur comprend vite que le personnage principal, Erwan Badrakhan, est un responsable du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Un homme entier, ayant l’expérience des combats. Un homme à l’image de la détermination kurde. L’Américain, Leyland Baxter, jeune professeur de français dans le Montana, lui, n’est pas politisé. Par contre, il a des valeurs inculquées par ses parents, anciens activistes des Weathermen, un groupe radical des années 70, et par son grand-père qui, en 1936, a combattu en Espagne du côté des Républicains. Ensemble, le militant endurci et le naïf qui s’éveille à l’état du monde décident de s’évader. Le premier parce que, sa liberté conditionnelle lui ayant été refusée, il a été missionné pour rejoindre au plus vite la révolution dans le nord de la Syrie. Le second parce que, sans le premier, il risque de voir sa vie mise en danger par les intégristes.
Mais, en coulisse, d’autres acteurs s’activent porteurs de leurs propres intérêts. Le département d’État américain a promis au dictateur Erdoğan de lui livrer Badrakhan en échange de l’accès à la base d’Incirlik pour les avions de l’US Air Force. Et, comme à son habitude, la CIA ne lésine pas sur les moyens pour y parvenir. Elle soumet Baxter à un minable et douloureux chantage pour le contraindre à jouer les informateurs ; elle soudoie un gardien chargé de faciliter une évasion « contrôlée » du Kurde. Mais, finalement, rien ne se passera comme elle l’avait prévu.
Pour s’y retrouver dans toutes ces embrouilles, un exposé clair s’imposait. Avec Jean Michel Morel le lecteur ne s’y perd jamais grâce aux allers et retours, au fil des chapitres, entre la prison de Villepinte, en Seine-Saint-Denis, et le siège de la CIA à Langley, en Virginie. Le roman est ponctué de précisions sur le projet politique du PKK, le confédéralisme démocratique et l’état d’esprit qui, aujourd’hui, anime ses militants. Il donne envie d’en savoir plus sur ce qui se passe là-bas, dans le Rojava, inquiété par Assad, menacé par les Turcs, trahi par les Russes, et, à ce jour, avec pour seuls alliés des Américains à la fiabilité incertaine.
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Jean Michel Morel, Retour à Kobané , Joigny (Suisse), Éditions A-Eurysthée, 2018, 206 pages. Disponible auprès de l’éditeur en version électronique (10€) ou papier (18€ + 7€ de frais de port) (http://www.a-eurysthee.com/id52.htm).
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Jean Michel Morel est l’auteur de romans : Les Porteurs d’orage (éditions Flammarion), Le prix du pardon (éditions Stock), Le train des Kennedy (éditions Folies d’Encre) ainsi que d’albums illustrés pour la jeunesse : Makha Kishu, l’homme qui voulait posséder tous les chevaux du monde (éditions Points de suspension) et Gong Zhu, la petite fille pressée de grandir (éditions Points de suspension). Il a participé au livre collectif La Commune du Rojava (éditions Syllepse).