La Turquie inquiéte des avancées des Kurdes vers Mossoul et Kirkouk



ANKARA, 7 avr (AFP) - 13h22 - La saisie des puits de pétrole de Mossoul et Kirkouk par les Kurdes irakiens constituerait une raison pour l'intervention de l'armée turque dans le nord irakien, a affirmé lundi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, cité par l'agence Anatolie.

"Il est hors de question pour la Turquie d'intervenir en Irak du nord tant qu'il n'y a pas de problème touchant à l'intégrité territoriale de l'Irak ou de mouvement visant à s'emparer du pétrole de Mossoul et Kirkouk", deux villes dans le nord irakien, a affirmé M. Erdogan à la presse.

Selon le quotidien Hurriyet, le ministère turc des Affaires étrangères a lancé vendredi une nouvelle mise en garde aux Etats-Unis au vu des récentes avancées des peshmergas (combattants kurdes) vers Mossoul et Kirkouk.

"Il n'y a pas de nouvel avertissement", a affirmé lundi M. Erdogan qui a souligné que les Etats-Unis ont pris l'engagement vis-à-vis la Turquie de ne pas laisser les combattants kurdes prendre le contrôle de ces deux villes.

Un porte-parole de l'ambassade américaine, Francis Ward, avait affirmé pour sa part que la Turquie, à plusieurs reprises, "a très clairement exprimé son inquiétude" quant à une prise de ces villes par les factions kurdes.

Les Kurdes irakiens considérent ces villes, proches d'importants gisements de pétrole, comme étant "à majorité kurde" et appartenant à leur région autonome.

La Turquie craint qu'en prenant le contrôle des puits de pétrole de la région, les Kurdes se donnent les moyens d'une politique indépendantiste dont les retombées pourraient se faire sentir dans les provinces turques à majorité kurde.

"Nous savons quelle serait la réponse turque" en cas de prise des ces villes par les Kurdes, a ajouté M. Ward qui a rappelé que "les activités militaires en Irak du nord sont coordonnées" par les forces américaines.

A la faveur du retrait des forces de Saddam Hussein, les peshmergas ont récemment passé la ligne de démarcation séparant leur territoire de celui controlé par Bagdad, avançant sur six routes menant à Kirkouk et à Mossoul.

Précédés par d'intenses bombardements aériens américains et, accompagnés ou suivis par des membres des forces spéciales américaines, les combattants kurdes ont progressé de plusieurs dizaines de kilomètres.

En fin de semaine dernière, ils se trouvaient à 5 km de Kirkouk, dont ils avaient coupé les sorties sud, selon l'AFP.

M. Erdogan a rappelé en outre qu'un afflux de réfugiés vers la frontière turque ou des attaques par des rebelles kurdes de Turquie dans la région constitueraient également des motifs d'intervention de son pays en Irak du nord.