Mardi 9 mai 2006 à 06h11
DIYARBAKIR (Turquie), 6 mai 2006 (AFP) — Le député européen néerlandais Joost Lagendijk, vice-président de la commission parlementaire conjointe turco-européenne, a appelé samedi à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, les Kurdes à se distancier du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
"Dans les années 1980 et 1990, il y avait une grande sympathie en Europe (...) en faveur du combat des Kurdes pour leurs droits, en particulier quand la répression était particulièrement intense, et tout le monde fermait un peu les yeux sur la violence" du PKK, a déclaré l'eurodéputé Vert à l'AFP.
"Maintenant, la Turquie est dans un processus d'adhésion à l'Union européenne, elle devient un pays plus démocratique", a-t-il poursuivi. "Je veux en quelque sorte prévenir les Kurdes que s'ils laissent la politique être déterminée par le PKK, ils vont perdre de plus en plus de sympathie dans l'UE".
M. Lagendijk, venu à Diyarbakir, la principale ville du sud-est anatolien à majorité kurde, pour participer à une conférence sur les droits civils dans cette région, a appelé plus tôt dans la journée la société civile et les politiciens kurdes à condamner clairement la violence.
"La violence n'a pas sa place pour faire progresser les droits des Kurdes", a-t-il déclaré à la presse, selon la traduction en turc de ses propos. "Il faut condamner clairement la violence et toute activité terroriste".
Les déclarations de M. Lagendijk interviennent alors que les rebelles séparatistes armés du PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis, ont multiplié leurs opérations contre les forces de sécurité dans la région.
Plusieurs attentats à la bombe revendiqués par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe apparenté par les autorités au PKK, ont par ailleurs frappé des villes de l'ouest du pays depuis le début de l'année.
Fin mars, de violentes émeutes ont embrasé les principales villes du sud-est après l'enterrement de rebelles du PKK, faisant 16 morts dont trois enfants en bas âge. Trois femmes mortes à Istanbul lors de l'attaque d'un bus par des sympathisants du PKK figurent parmi les victimes.
Le député européen a dans le même temps appelé le gouvernement turc à "accélérer les réformes menées pour faire progresser les droits" dans le sud-est, l'encourageant notamment à étendre le droit de diffuser des programmes télévisés en langue kurde.
Interrogé sur la recrudescence des activités du PKK et sur le récent déploiement de troupes turques à la frontière irakienne, derrière laquelle le groupe clandestin a établi des bases, M. Lagendijk a estimé que "ces deux développements n'apportent rien de bon aux gens de la région".
Le conflit kurde a fait plus de 37.000 morts depuis le début de l'insurrection du PKK en 1984.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.