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Turquie: nouvelle prolongation d'un mois de la trêve du PKK contre Ankara


Jeudi 30 septembre 2010 à 19h25

QANDIL (Irak), 30 sept 2010 (AFP) — Les rebelles kurdes de Turquie ont annoncé jeudi avoir prolongé d'un mois leur trêve contre les forces turques, mais ont prévenu que le conflit ne prendrait fin que si Ankara entrait dans de véritables négociations pour trouver une solution pacifique au conflit.

La décision du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une lutte autonomiste contre les forces d'Ankara depuis 1984, a été annoncée dans le nord de l'Irak par son commandant militaire Murat Karayilan.

"Le cessez-le-feu a été prolongé pour un nouveau mois afin de garantir la confiance dans la période à venir", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Qandil.

Mais "un cessez-le-feu permanent n'aura pas lieu tant qu'Ankara n'entrera pas dans de vraies négociations avec nous", a-t-il mis en garde.

Le PKK souhaite "une paix permanente mais (le Premier ministre turc Recep Tayyip) Erdogan a décidé de liquider notre mouvement et mène des efforts diplomatiques pour obtenir le soutien des Etats-Unis et de l'Irak", a affirmé Murat Karayilan.

"Le gouvernement turc n'a pris aucune mesure sérieuse pour satisfaire nos demandes", a-t-il ajouté.

Le PKK avait annoncé un arrêt de ses opérations en août, jusqu'à la mi-septembre. La trêve avait ensuite été prolongée. Murat Karayilan n'a pas donné jeudi la nouvelle date d'expiration du cessez-le-feu.

Le gouvernement turc a multiplié ces dernières semaines les démarches, en Turquie même, mais aussi à Washington et Erbil (Kurdistan irakien), pour tenter de trouver un règlement au conflit qui a fait 45.000 morts depuis 1984.

Les autorités ont engagé un dialogue en Turquie avec des politiciens kurdes, réputés être proches du PKK, mais aussi plus secrètement avec le chef rebelle kurde Abdullah Öcalan, emprisonné à vie en Turquie depuis 1999.

M. Erdogan a démenti toute "négociation", mais des responsables ont plus d'une fois rencontré le leader kurde, selon la presse.

L'objectif d'Ankara serait d'obtenir la prolongation sine die de la trêve, qui permettrait l'adoption de nouvelles mesures démocratiques en faveur de la communauté kurde, qui représente 12 à 15 millions des 73 millions de Turcs, selon une source proche du gouvernement.

Les rebelles quitteraient la Turquie pour se replier dans leurs repaires du nord de l'Irak, au Kurdistan irakien, dans l'attente de nouvelles directives de leurs chefs.

Le gouvernement turc a entrepris en parallèle des initiatives auprès de l'administration autonome kurde d'Irak qui contrôle une zone où sont situés les repaires du PKK, ainsi qu'auprès des Américains.

Ankara évalue à environ 2.000 le nombre des rebelles retranchés en Irak.

Mais en dépit de ce dialogue engagé, de sérieux points d'achoppement persistent, comme la reconnaissance explicite de l'identité ethnique kurde dans la Constitution, réclamée par le PKK mais que le gouvernement refuse.

Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie et de nombreux pays.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.