Page Précédente

Turquie: levée de l'interdiction imposée au chef kurde Öcalan de voir ses avocats (ministre)


Jeudi 16 mai 2019 à 15h39

Ankara, 16 mai 2019 (AFP) — L'interdiction de rencontrer ses avocats imposée depuis huit ans en Turquie au chef historique détenu de la rébellion kurde Abdullah Öcalan, a été levée, a annoncé jeudi le ministre turc de la Justice.

"Les décisions interdisant des rencontres ont été levées et il est désormais possible pour lui d'en avoir", a déclaré Abdülhamit Gül à la presse à Ankara.

Il a toutefois souligné que les rencontres d'un détenu avec ses avocats étaient un droit qui peut être limité pour des questions de sécurité.

Le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, est en détention depuis 1999 et avait pu voir ses avocats il y a deux semaines pour la première fois depuis 2011.

Une de ses avocats avait alors relayé un message dans lequel M. Öcalan avait appelé les centaines de personnes actuellement en grève de la faim dans les prisons turques pour protester contre ses conditions de détention à ne pas mettre leur vie en danger.

Il avait également appelé à "prendre en considération" les "sensibilités" de la Turquie en Syrie, où une milice kurde syrienne liée au PKK contrôle de vastes territoires dans le nord du pays, au grand dam d'Ankara qui se dit déterminé à l'en chasser pour éviter la création d'une entité kurde à ses frontières.

"Nous pensons que les problèmes en Syrie doivent être résolus loin de la culture de violence et dans le but d'instaurer une démocratie locale dans le respect de l'intégrité territoriale de la Syrie", avait-il estimé selon ses avocats.

Malgré un isolement quasi-total, M. Öcalan reste une figure de référence pour la rébellion kurde en Turquie, où le conflit entre le PKK et l'Etat a fait plus de 40.000 morts depuis 1984, mais aussi en Syrie.

Selon le parti prokurde HDP, quelque 3.000 prisonniers sont actuellement en grève de la faim pour réclamer l'assouplissement des conditions de sa détention, la plupart ayant rejoint le mouvement par solidarité avec une députée prokurde, Leyla Güven, qui refuse de s'alimenter depuis novembre dernier.

Huit personnes se sont par ailleurs suicidées en prison depuis le début du mouvement, selon le HDP.

Depuis la reprise du conflit dans le sud-est de la Turquie en 2015 après la rupture d'un fragile cessez-le-feu, le discours du président Recep Tayyip Erdogan au sujet des rebelles kurdes s'est nettement durci, faisant s'éloigner la perspective d'une solution politique négociée au conflit.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.