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Turquie: les séparatistes kurdes disent avoir saboté l'oléoduc BTC


Samedi 9 août 2008 à 00h15

ANKARA, 8 août 2008 (AFP) — Les rebelles séparatistes kurdes ont déclaré vendredi avoir saboté l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), coupé mardi par une explosion dans la station de pompage de Refahiye (est de la Turquie), dans un communiqué publié sur le site de l'agence Firat, proche des rebelles.

Selon un communiqué du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), l'explosion intervenue dans la station de pompage de la province d'Erzincan est "un acte de sabotage" dont les détails seront révélés ultérieurement.

Un dirigeant du PKK a ensuite prévenu que son mouvement poursuivrait ce type d'action tant que l'Etat turc lui fera la guerre.

"Les attaques contre les intérêts économiques ont un effet de dissuasion (sur la Turquie) (...) Tant que l'Etat turc mettra l'accent sur la guerre, de telles actions seront naturellement poursuivies", a déclaré à l'agence Firat Bahoz Erdal, un commandant du PKK.

M. Erdal a affirmé que le sabotage de l'oléoduc et d'autres attentats commis par le PKK au cours des dernières semaines constituaient une riposte aux opérations militaires turques contre les rebelles aussi bien sur le territoire turc que dans le nord de l'Irak où sont retranchés des combattants séparatistes.

Les opérations militaires turques "nous ont incités à renforcer notre résistance par l'auto-défense", a-t-il déclaré à Firat.

Le PKK, considéré par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne comme une organisation terroriste, a déjà revendiqué par le passé des sabotages de gazoducs et d'oléoducs dans le cadre de sa lutte armée pour l'autonomie du sud-est de la Turquie peuplé en majorité par des Kurdes.

Un responsable de la compagnie d'Etat BOTAS, qui gère l'oléoduc, a déclaré à l'agence Anatolie qu'à ce jour il n'y avait pas d'indices permettant de conclure à un sabotage, mais qu'on ne pourrait pas être fixé avant que l'incendie qui s'est déclaré à la suite de l'explosion n'ait été complètement éteint.

Le gouverneur adjoint de Refahiye avait écarté l'hypothèse d'un sabotage, affirmant qu'un défaut dans le système de pompage avait été détecté avant l'explosion.

L'agence Anatolie a cité des responsables qui ont estimé sous le couvert de l'anonymat que le PKK pourrait vouloir se faire de la publicité.

BOTAS a indiqué que l'acheminement du pétrole serait interrompu pendant une quinzaine de jours. L'annonce de cette interruption a poussé les prix à la hausse sur les marchés du pétrole.

Inauguré en 2006, long de 1.774 km, le BTC achemine le pétrole des champs pétrolifères azerbaïdjanais de la mer Caspienne vers le port turc de Ceyhan sur la Méditerranée. Il a une capacité de 1,2 million de barils/jour.

Selon les analystes, la fermeture pourrait être plus longue que ce qu'annoncent les autorités turques. Le géant BP (British Petroleum) a déjà annoncé qu'il cherchait des sources alternatives pour approvisionner ses clients occidentaux.

L'aviation turque a mené depuis décembre des raids contre les bases du PKK dans le nord de l'Irak, avec l'aide des services de renseignement américains surveillant les mouvements des rebelles dans la région.

En février, l'armée turque a mené une offensive dans le nord de l'Irak, tuant au moins 240 militants du PKK et détruisant des camps d'entraînement, des bases et des dépôts de munitions.

Les autorités turques ont accusé le PKK d'avoir commis les deux attentats à la bombe qui ont fait 17 morts et plus de 150 blessés le 27 juillet à Istanbul.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.