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Turquie: la députée Leyla Zana rejoint les grévistes de la faim kurdes


Jeudi 15 novembre 2012 à 09h08

ANKARA, 15 nov 2012 (AFP) — La députée Leyla Zana, figure emblématique de la lutte pour les droits des Kurdes en Turquie, a rejoint mercredi soir le vaste mouvement de grève de la faim lancé il y a plus de deux mois par plusieurs centaines de détenus kurdes, a-t-on appris jeudi de source parlementaire.

"Mme Zana a commencé à jeûner dans son bureau à l'Assemblée" nationale, a expliqué à l'AFP une de ses collaboratrices en soulignant que son action était "illimitée".

L'élue de 51 ans pourrait continuer son mouvement dans sa circonscription de Diyarbakir, peuplée majoritairement de Kurdes du sud-est anatolien, a-t-elle ajouté.

Un autre député important de la cause kurde au Parlement turc, Ahmet Türk, a indiqué dans le quotidien Hürriyet avoir tenté, sans succès, de dissuader Mme Zana de rejoindre le mouvement "en raison de sa mauvaise santé".

L'élue, lauréate en 1995 du Prix Sakharov des droits de l'Homme du Parlement européen, a passé une décennie en prison (1994-2004) avec trois autres anciens députés kurdes. Elle était accusée d'entretenir des liens avec la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit), qui mène depuis 1984 une lutte armée contre l'armée turque.

Avant Mme Zana, cinq autres députés kurdes, membres du Parti pro-kurde pour la paix et la démocratie (BDP), ont eux aussi entamé samedi une grève de la faim pour attirer l'attention sur le sort des quelque 700 détenus kurdes qui refusent de s'alimenter normalement, certains depuis le 12 septembre.

Le gouvernement turc a fait un geste mardi pour tenter d'enrayer cette vague de protestation en faisant déposer un projet de loi autorisant les Kurdes à se défendre dans leur langue maternelle devant les tribunaux.

Cette décision a été jugée insuffisante par les militants de la cause kurde, qui réclament d'abord la fin de l'isolement qui est imposé au chef historique du PKK Abdullah Öcalan, qui purge depuis 1999 un peine de prison à vie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.