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Syrie: la position kurde dans le conflit depuis 2011


Samedi 23 mars 2019 à 08h30

Beyrouth, 23 mars 2019 (AFP) — Les positions clés des Kurdes de Syrie depuis le début de la guerre en 2011.

- Engagement prudent -

Le 1er avril 2011, alors que des manifestations ont vu le jour ailleurs en Syrie, plusieurs centaines de personnes défilent pour la première fois à Qamichli, Amouda et Hassaké, dans le nord-est à majorité kurde, en scandant "Nous ne voulons pas seulement la nationalité mais aussi la liberté".

En 1962, 20% des Kurdes de Syrie avaient été privés de leur citoyenneté à la suite d'un recensement controversé.

Le 7 avril, le président syrien Bachar al-Assad promulgue un "décret octroyant à des personnes enregistrées comme étrangères dans le gouvernorat de Hassaké la citoyenneté arabe syrienne". La mesure concerne environ 300.000 personnes.

Mais, les jours suivants, des manifestations ont lieu dans plusieurs localités du nord, notamment en faveur de la libération de détenus.

- Opposant assassiné -

Le 7 octobre 2011, Mechaal Tamo, qui avait rejoint le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, est tué à Qamichli. Libéré après trois ans et demi de prison, il avait rejeté une proposition de dialogue présentée aux partis kurdes par les autorités.

Le lendemain, les forces de sécurité syriennes tirent sur l'immense foule participant à ses funérailles.

- L'armée se retire -

En juin 2012, l'Armée syrienne libre (ASL), mise sur pied par des déserteurs syriens ayant rallié l'opposition au régime, appelle les "frères kurdes" à rejoindre la rébellion.

Les Kurdes, méfiants envers l'opposition qu'ils jugent peu encline à reconnaître leur spécificité, tentent toutefois de garder leurs régions à l'abri des violences.

En juillet, l'armée du régime se retire sans combat de certaines régions kurdes où des militants proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) se sont déployés, suscitant des soupçons de collusion avec le pouvoir d'Assad.

Ankara accuse même Damas d'avoir "confié" plusieurs zones du nord de la Syrie à la branche syrienne du PKK, le Parti de l'union démocratique (PYD).

- Administration autonome -

Le 12 novembre 2013, le PYD et d'autres formations kurdes signent une déclaration établissant une administration autonome dans la région kurde. En 2016 est annoncée la création d'une "région fédérale", divisée en trois cantons.

La coalition de l'opposition qualifie le PYD de "formation hostile à la révolution syrienne".

- Alliés des Etats-Unis -

En octobre 2014, le département d'Etat révèle que des responsables américains ont rencontré pour la première fois des Kurdes du PYD dans le cadre de la stratégie des Etats-Unis contre le groupe Etat islamique (EI), qui s'est emparé de vastes territoires en Syrie et en Irak.

Début 2015, les forces kurdes soutenues par les frappes aériennes de la coalition antijihadistes conduite par Washington chassent l'EI de Kobané, une ville proche de la frontière turque, après plus de quatre mois de violents combats.

En octobre 2015, les Forces démocratiques syriennes (FDS), composées de 25.000 Kurdes et 5.000 Arabes, sont créées. Dominées par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), elles reçoivent une aide conséquente des Etats-Unis.

Le 18 décembre 2017, le président Assad qualifie de "traîtres" les combattants kurdes soutenus par les Etats-Unis.

- Appel à l'aide du régime -

Le 27 juillet 2018, le Conseil démocratique syrien, bras politique des FDS, effectue une première visite officielle à Damas, deux mois après que le président Assad eut menacé de recourir à la force pour reconquérir les territoires kurdes.

Le 28 décembre, quelques jours après l'annonce par les Etats-Unis du futur retrait de leurs soldats --Washington est depuis revenu partiellement sur ce retrait--, les YPG appellent le régime à déployer ses troupes dans la région de Minbej (nord) par crainte de la Turquie. L'armée répond à l'appel.

Le 24 janvier 2019, le commandant en chef des FDS, Mazloum Kobani, plaide pour que l'alliance arabo-kurde des FDS bénéficie à l'avenir d'un "statut spécial" de la part d'Assad.

Le 9 février, les FDS annoncent avoir lancé leur offensive "finale" contre l'ultime réduit de l'EI dans le village de Baghouz, dans l'est.

Quelques jours plus tard, un haut responsable kurde exhorte les Européens à ne pas abandonner les Kurdes une fois l'EI vaincu et à contribuer à la création d'une force internationale dans le nord-est face à la Turquie.

Le 18 mars, le ministre de la Défense Ali Abdallah Ayoub affirme que l'armée syrienne "libérera" les zones sous contrôle des forces kurdes "par la force" ou par le biais d'"accords de réconciliation". Les autorités kurdes dénoncent des propos "menaçants".

Le 23 mars, les FDS ont annoncé la fin du "califat" autoproclamé il y a près de cinq ans par le groupe Etat islamique (EI), après avoir conquis le dernier territoire tenu par cette organisation jihadiste en Syrie.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.