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Syrie: l'armée turque combat les Kurdes, essuie sa première perte


Dimanche 28 août 2016 à 04h02

Karkamis (Turquie), 28 août 2016 (AFP) — Des affrontements ont opposé des militaires turcs et des combattants kurdes ou soutenus par ces derniers dans le nord de la Syrie, où un premier soldat turc a été tué depuis le lancement d'une offensive d'envergure par Ankara.

Première perte annoncée côté turc, un soldat a été tué samedi dans une attaque à la roquette menée par des membres du Parti de l'Union démocratique (PYD), la principale milice kurde de Syrie, contre deux chars d'Ankara, selon l'agence de presse progouvernementale turque Anadolu. Trois autres soldats ont été blessés.

Des dizaines de blindés et des centaines d'hommes sont mobilisés dans le cadre de l'opération "Bouclier de l'Euphrate", qui a été initiée mercredi et vise à la fois le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et les milices kurdes.

La Turquie considère le PYD et son aile militaire, les YPG (Unités de protection du peuple kurde), comme des organisations "terroristes", bien qu'elles soient épaulées en tant que forces combattant efficacement les jihadistes par les Etats-Unis, alliés d'Ankara.

Les blindés ont été attaqués dans la région de Jarablos, ville que des rebelles soutenus par la Turquie ont reprise mercredi à l'EI, a expliqué de son côté l'agence de presse Dogan.

Ces affrontements sont intervenus au lendemain de l'annonce par Washington et Moscou, qui soutiennent des camps opposés en Syrie, de progrès pour parvenir à un cessez-le-feu, tandis que les hostilités se poursuivaient dans ce pays, notamment à Alep (nord).

- 'Nouvelle phase' -

"Les chars turcs ont avancé aujourd'hui jusqu'aux abords de la localité d'al-Amarné dans la province d'Alep, au sud de la frontière, et des combats ont alors éclaté entre eux et des combattants appuyés par les forces kurdes", a dit à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Un responsable de l'administration semi-autonome kurde en Syrie a confirmé à l'AFP ces accrochages.

Al-Amarné se situe à 8 km au sud de Jarablos, où les rebelles s'affairaient samedi à désamorcer les engins explosifs laissés par l'EI.

Toujours au sud de cette ville, l'armée turque a détruit samedi un poste de commandement de "groupes terroristes", a signalé Anadolu, sans préciser quels groupes étaient visés.

Mais des rebelles soutenant les Kurdes en Syrie ont affirmé avoir été pris pour cible par l'aviation turque.

"Des avions turcs ont bombardé nos positions ce matin dans le sud de Jarablos et dans le village de Til-Emarne où vivent des civils", a annoncé dans un communiqué le Conseil militaire de Jarablos, lié au Forces démocratiques syriennes (FDS) pro-Kurdes.

"Avec cette agression, une nouvelle phase du conflit va s'ouvrir dans la région", a-t-il ajouté.

Plus tôt samedi, l'armée turque avait envoyé six nouveaux blindés en Syrie, selon un photographe de l'AFP à Karkamis, à la frontière turque. Après trois jours d'opérations, elle dispose désormais de 50 chars et de 380 soldats dans ce pays, selon le quotidien Hürriyet.

- Roquettes sur l'aéroport de Diyarbakir -

Pour la Turquie, cette offensive vise entre autres à empêcher les Kurdes syriens de former une ceinture continue le long de sa frontière, alors qu'elle affronte déjà les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur son propre territoire.

Plusieurs roquettes se sont abattues samedi soir sur l'aéroport de Diyarbakir (sud-est) sans faire de victimes, a indiqué dans un communiqué le gouverneur de la province, Hüseyin Aksoy, pointant du doigt le PKK. Une "opération d'envergure" a été lancée pour arrêter les assaillants, a-t-il ajouté.

Cette attaque est survenue au lendemain d'un attentat revendiqué par le PKK dans lequel au moins 11 policiers avaient trouvé la mort à Cizre (sud-est).

Par ailleurs, en Syrie, le régime a repris samedi Daraya, une des premières villes à s'être soulevées contre Bachar al-Assad, après l'évacuation de la population de cet ex-fief rebelle situé près de Damas et soumis pendant quatre ans à un siège impitoyable.

Au même moment, des barils d'explosifs ont de nouveau été largués par les forces gouvernementales sur un quartier d'Alep aux mains des insurgés, faisant au moins 15 morts et plusieurs blessés parmi les civils, selon l'OSDH.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.