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Syrie: 800 femmes et enfants vont quitter le camp de déplacés d'Al-Hol (responsable local)


Dimanche 2 juin 2019 à 14h13

Ain Issa (Syrie), 2 juin 2019 (AFP) — Quelque 800 femmes et enfants Syriens vont quitter le camp de déplacés d'Al-Hol, qui accueille dans le nord-est de la Syrie des familles du groupe Etat islamique (EI) notamment, a annoncé dimanche un responsable des autorités semi-autonomes kurdes.

Cette initiative, qui doit débuter lundi, est la première du genre pour le camp d'Al-Hol, où s'entassent près de 74.000 personnes selon l'ONU.

Plus de 30.000 Syriens y sont installés, principalement des femmes et des enfants, et à terme l'objectif est de les faire tous sortir, selon Abd al-Mehbache, haut responsable de l'administration kurde.

Après avoir proclamé leur victoire en mars face au "califat" de l'EI en Syrie, les autorités kurdes soutenues par Washington sont toujours confrontées à des défis de taille, notamment la situation difficile dans les camps surpeuplés du nord-est syrien.

"Lundi, environ 800 personnes, des enfants et des femmes, vont sortir (d'Al-Hol) pour être conduits auprès de leurs familles", a souligné M. Mehbache.

L'initiative sans précédent concerne notamment des proches de jihadistes. Elle se fait à la demande --et avec les garanties-- de chefs tribaux et de figures locales, selon le responsable.

"Le comportement des femmes sera surveillé s'il s'agit de personnes faisant partie d'anciennes familles de l'EI", a-t-il ajouté, précisant toutefois qu'il y a aussi parmi les personnes devant sortir du camp des civils ayant fui les combats, sans aucun lien avec les jihadistes.

"C'est le devoir de notre administration envers notre peuple d'avoir un rôle dans la rééducation de ces enfants et de ces femmes, et dans leur réinsertion dans la société", a précisé le responsable.

- "Nos soeurs, nos mères" -

Les départs de lundi concernent les familles originaires de la région de Tabqa mais aussi de Raqa, ex-"capitale" de facto des jihadistes dans le nord syrien.

"Ce sont nos soeurs et nos mères", lance avec empathie Ali Mahamid al-Ali, un chef tribal originaire de Raqa. "Les figures des tribus se sont réunies pour les faire sortir des camps et les renvoyer vers leurs familles", ajoute-t-il.

Ces opérations devraient se poursuivre après la fête de la fin du ramadan prévue dans les prochains jours, a indiqué M. Mehbache. "Nous allons poursuivre ce dossier jusqu'à la sortie de toutes les femmes et les enfants du camp d'Al-Hol", a-t-il assuré.

Les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont proclamé le 23 mars la défaite du "califat" de l'EI, après avoir conquis l'ultime fief des jihadistes dans l'est syrien, au terme d'une offensive soutenue par une coalition internationale emmenée par Washington.

Tout au long de l'assaut contre l'ultime réduit de Baghouz, les femmes et les enfants de jihadistes, mais aussi les civils évacués du secteur, étaient envoyés principalement dans le camp d'Al-Hol, qui a vu sa population exploser en quelques mois.

A maintes reprises les autorités kurdes ont tiré la sonnette d'alarme concernant la situation à Al-Hol, réclamant plus d'aide internationale. Les ONG ont dénoncé les conditions difficiles -malnutrition aiguë chez les enfants, manque de soins médicaux.

Début mars, près de 300 Syriens accusés d'appartenance à l'EI avaient été libérés, également après une requête de chefs tribaux et de figures locales.

Par ailleurs, les camps accueillent 12.000 étrangers --4.000 femmes et 8.000 enfants de jihadistes parqués sous haute surveillance. A Al-Hol, ces familles de jihadistes étrangers se trouvent dans un carré séparé du reste du camp.

Les autorités kurdes continuent de réclamer le rapatriement des femmes et des enfants de pays étrangers. Mais les pays occidentaux, France et Grande-Bretagne en tête, se montrent réticents sur ce dossier.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.