Mardi 27 juin 2006 à 21h07
BAGDAD, 27 juin 2006 (AFP) — Le président déchu Saddam Hussein sera jugé à partir du 21 août pour "génocide" de Kurdes, a annoncé mardi le Haut tribunal pénal irakien tandis que le projet de réconciliation nationale continue de susciter des réactions mitigées dans le pays.
"Le tribunal a fixé au lundi 21 août 2006 la date du début du procès", a indiqué un communiqué du tribunal qui juge Saddam Hussein, avec sept coaccusés, depuis le 19 octobre 2005 pour une autre affaire, le massacre de villageois chiites dans les années 1980.
L'instruction sur le rôle du président déchu dans la campagne antikurde d'Anfal ayant fait plus de 100.000 morts a été bouclée début avril.
Saddam Hussein, ainsi que six coaccusés, ont été inculpés le 4 du même mois de "génocide" lors de cette opération, présentée par l'ancien régime comme une opération de contre-insurrection en temps de guerre.
L'un des coaccusés, Ali Hassan al-Majid, le cousin de Saddam Hussein, dit "Ali le chimique", est au centre de l'affaire. Il fait l'objet de nombreuses accusations, notamment d'utilisation de gaz toxiques, d'exécutions massives, et d'établissement de camps de détention pour soumettre le Nord kurde.
Selon diverses estimations, en plus des 100.000 personnes tuées, plus de 3.000 villages ont été détruits pendant cette campagne qui a provoqué également un déplacement massif de la population kurde.
Entre 1987 et 1989, des assauts avaient été lancés contre les Kurdes, avec notamment le gazage de la population de Halabja en 1988 qui avait fait 5.000 morts. Cependant, Halabja n'est pas inclus dans le procès.
L'armée irakienne a gazé Halabja en représailles à la prise de la ville par des combattants kurdes soutenus par les Gardiens de la révolution iraniens.
Vers 1986, de larges secteurs kurdes avaient échappé au contrôle de Bagdad, soumis à des pressions croissantes en raison de la guerre avec l'Iran.
Début 1987, Saddam Hussein avait chargé Ali Hassan al-Majid, de reprendre contrôle de la région. Ce dernier avait déclaré des "zones interdites" dans la région, considérant tous ses habitants comme des insurgés.
Concernant l'initiative de réconciliation nationale du Premier ministre Nouri al-Maliki, les réactions continuent d'être généralement mitigées.
Des groupes armés ont posé comme condition pour y adhérer un calendrier de retrait des forces étrangères et la "reconnaissance de la légitimité de la résistance", selon le député kurde, Mahmoud Osmane.
Mais d'autres, dont la branche irakienne d'Al-Qaïda, ont affirmé qu'ils poursuivraient le jihad, dans deux communiqués mis en ligne sur un site islamiste, en qualifiant le plan de M. Maliki de "nouveau projet pernicieux visant à sauver ses maîtres croisés et les apostats, leurs valets".
Un influent député sunnite, Iyad al-Samarraï, a toutefois estimé que la tendance générale dans l'ouest de l'Irak, était à la réconciliation. Mais il a fait état, tout comme un député chiite, cheikh Jalal Eddine al-Saghir, de pressions de groupes extrémistes sur empêcher les chefs locaux de participer au processus politique.
Les wakfs (institutions chargées des biens religieux) sunnites, ont bien accueilli le plan Maliki, offrant une amnistie pour ceux n'ayant pas commis de crimes de sang, tout en souhaitant la dissolution rapide des milices et la libération d'un nombre plus important de détenus.
Environ 450 de ces derniers ont retrouvé la liberté mardi, ce qui porte à 2.500 le nombre de prisonniers relâchés depuis le 6 juin à la suite d'une initiative de M. Maliki pour favoriser la réconciliation nationale.
Dans les violences, au moins personnes 24 personnes ont été tuées dans des attaques en Irak, dont trois dans un attentat à la voiture piégée en début de soirée dans le sud de Bagdad qui a fait aussi 10 blessés.
Lundi, journée particulièrement sanglante, avait coûté la vie à 63 Irakiens, dont de nombreux chiites visés par des attentats au nord et au sud de Bagdad.
Près de 110.000 Irakiens, majoritairement chiites, ont quitté leur foyer en raison des tensions communautaires après l'attentat en février 2006 contre un mausolée chiite dans la ville sunnite de Samarra, a indiqué l'Organisation Internationale des Migrations (OIM).
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.