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Saddam de nouveau devant les juges, un attentat fait 17 morts à Bagdad


Mardi 7 novembre 2006 à 22h21

BAGDAD, 7 nov 2006 (AFP) — Saddam Hussein est revenu devant ses juges mardi pour répondre de "génocide" contre les Kurdes, deux jours après sa condamnation à mort dans un autre procès à Bagdad, secoué par un attentat suicide qui a fait 17 morts quelques heures après la levée d'un couvre-feu.

Dix-sept personnes ont été tuées et 20 blessées mardi soir lorsqu'"un kamikaze est entré dans un café et s'est fait exploser au milieu de la foule" dans un café du quartier chiite de Greyaat (nord), a déclaré une source de sécurité à l'AFP.

Cet attentat est le premier depuis la condamnation à mort dimanche de l'ancien président irakien pour avoir ordonné l'exécution de 148 chiites du village de Doujaïl dans les années 1980, en représailles à un attentat contre son convoi.

Il est survenu quelques heures après la levée, dans la matinée, du couvre-feu imposé depuis dimanche à Bagdad.

De retour devant les juges mardi, Saddam Hussein a rejeté le témoignage d'un rescapé kurde sur des exécutions sommaires dont les habitants de son village du Kurdistan irakien et ses proches auraient été victimes en 1988.

"Qui peut vérifier ces faits", a lancé l'ancien homme fort de l'Irak lors de la 21e audience de ce procès, en l'absence des avocats de la défense qui protestaient contre le choix du juge.

Apparemment détendu, Saddam Hussein a affirmé qu'il aimait les Kurdes "comme les Arabes", en lançant un appel à la "réconciliation" entre les deux communautés.

Saddam Hussein et six coaccusés, dont son cousin Hassan al-Majid, dit "Ali le chimique", sont jugés pour avoir ordonné et mis en oeuvre les campagnes militaires d'Anfal en 1987-1988 dans le Kurdistan, qui ont fait 180.000 morts selon l'accusation. Tous risquent la peine de mort.

Dans le procès d'Anfal, le tribunal a notamment écouté mardi le témoignage de Qahar Khalil Mohammed, qui a raconté la venue le 25 août 1988 de l'armée irakienne dans son village du Kurdistan.

Les militaires irakiens "nous ont emmenés hors du village et ont séparé hommes, femmes et enfants. L'armée a rassemblé 37 hommes et a commencé à tirer sur nous sans distinction", a déclaré ce rescapé.

"Au total, 33 personnes ont été tuées, j'ai perdu mon père et mes deux frères. Quant à moi, j'ai reçu une balle au dos et au front", a dit le témoin, ôtant son turban et son habit pour montrer les traces.

Le procès pour "génocide" des Kurdes reprendra mercredi.

Une procédure d'appel automatique a été engagée contre la première condamnation à mort prononcée contre l'ancien raïs. Mais la chambre d'appel ne devrait pas rendre sa décision avant janvier ou février, selon le procureur général du Haut tribunal pénal, Jaafar al-Moussaoui.

Les défenseurs de Saddam Hussein dans le procès de Doujaïl ont accusé les Américains de les retenir à Bagdad, affirmant que l'on cherchait à les empêcher de "contacter la presse" et à "entraver" leur travail.

Le parti Baas irakien dissous, au pouvoir sous Saddam Hussein, a menacé quant à lui de lancer des attaques contre le secteur ultra-protégé de Bagdad en cas d'application de la sentence de mort.

Alors que la condamnation à mort continue d'être critiquée dans le monde, l'Iran a demandé aux autorités irakiennes de ne pas "céder aux pressions".

Sur le plan militaire, l'armée américaine a annoncé de nouvelles pertes mardi, jour des élections de mi-mandat aux Etats-Unis sur lesquelles la guerre en Irak pèse lourdement.

Un soldat américain a succombé aux blessures infligées par l'explosion d'une bombe au nord-ouest de Bagdad, portant à 2.833 le nombre des militaires américains décédés en Irak depuis l'invasion de 2003, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres du Pentagone.

Cinquante-sept fonctionnaires irakiens, dont des policiers de haut rang, ont été inculpés mardi pour la torture supposée de centaines de détenus d'une prison de l'est de Bagdad, a par ailleurs annoncé le ministère de l'Intérieur.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.