
Mercredi 27 juin 2007 à 09h55
TAQ TAQ (Irak), 27 juin 2007 (AFP) — Mis à l'écart des investissements pétroliers sous le régime de Saddam Hussein, le Kurdistan, dans le nord de l'Irak, est une "terre vierge" riche en or noir, qui attire désormais les compagnies étrangères.
Sur 600 kilomètres carrés de collines ocre et pierreuses, à Taq Taq, au coeur de la région autonome, la foreuse de la compagnie pétrolière TTopco, coentreprise entre la société turque Genel Enerji et la compagnie canadienne basée à Genève Addax Petroleum, s'enfonce dans la roche pour arriver jusqu'au réservoir.
Les réserves prouvées du Kurdistan ne représentent que 2,9% des 115 milliards de barils enfouis sous les pieds des Irakiens, les troisièmes réserves du monde, mais les experts s'attendent à de nouvelles découvertes.
"2,9%, ce n'est qu'une estimation, nous ne savons pas vraiment. C'est une terre vierge ici", assure Kemal Afaraci, responsable adjoint du site, soulignant le manque d'investissements réalisés sous Saddam Hussein pour explorer le sous-sol de la région.
TTopco a terminé le forage de trois puits qui devraient produire au total 75.000 barils par jour et trois autres doivent être forés d'ici à la fin de l'année.
A titre de comparaison, l'Irak produit près de 2 millions de barils par jour, dont l'immense majorité dans la région de Bassorah (sud).
Mais contrairement au reste du pays, le Kurdistan, épargné par les violences, attire les investisseurs étrangers. La compagnie norvégienne DNO, le groupe turc Petoil et la société canadienne Western Oil Sands prospectent aussi dans la région.
Les contrats de ces sociétés, qui pour certaines d'entre elles vont commencer à extraire du brut dans quelques mois, sont des accords de partage de production signés avec le gouvernement régional kurde.
Ils prévoient le financement des investissements permettant le forage et l'exploitation des sites par ces compagnies, moyennant une part de la production future.
Mais la loi nationale sur le pétrole, qui doit être votée prochainement, prévoit la supervision du secteur par un organisme fédéral qui devra valider les contrats signés. En mai, le ministre irakien du Pétrole Hussein Chahristani avait averti que tout contrat conclu avant l'adoption de cette loi serait nul.
Falah Mustafa Bakir, responsable du département des relations internationales au sein du gouvernement kurde, refuse toutefois de s'inquiéter.
"Ces contrats répondent à des standards internationaux et sont compatibles avec le projet de loi", assure-t-il.
"Il n'y aura pas de problème", estime de son côté Kemal Afaraci.
La loi sur le pétrole est un des éléments clefs de la future évaluation américaine sur les progrès accomplis par le gouvernement irakien. Elle vise à répartir équitablement les revenus pétroliers entre les provinces.
Le Kurdistan devrait bénéficier de 17% du total, comme il le réclamait, selon un accord signé il y a une semaine entre Bagdad et le gouvernement kurde.
Autre problème pour les compagnies installées au Kurdistan: l'exportation du brut.
Elles doivent attendre le vote de la loi pour négocier leurs licences d'exportation et l'oléoduc reliant l'Irak au terminal pétrolier de Ceyhan, en Turquie, qui passe par Kirkouk, ville en proie aux violences plus au sud, est régulièrement attaqué et fermé.
"Nous réfléchissons à une alternative qui pourrait être de relier Taq Taq directement à la frontière turque", souligne M. Afaraci.
Le Kurdistan devrait dans tous les cas conserver l'avance acquise auprès des investisseurs étrangers.
"Je suis sûr que les grandes compagnies pétrolières vont venir s'installer ici", ajoute le responsable de TTopco.
Surtout si le Kurdistan récupère Kirkouk et sa région, riche en pétrole et majoritairement peuplée de Kurdes, conformément à la Constitution qui prévoit un référendum sur cette question avant la fin de l'année.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.