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Le gouvernement turc essaie de tromper les Kurdes, affirme le numéro deux du PKK


Mardi 3 novembre 2009 à 09h35

MONTS KANDIL (Irak), 3 nov 2009 (AFP) — Le gouvernement turc essaie de tromper les Kurdes et l'opinion internationale en annonçant depuis plusieurs mois des réformes pour résoudre la question kurde, a affirmé à l'AFP Murat Karayilan, le numéro deux de l'organisation rebelle kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP) n'a jamais eu l'intention de résoudre la question kurde. Il joue la comédie. (...) S'il l'avait vraiment voulu, en une journée toutes les armes se seraient tues", a déclaré M. Karayilan, interrogé dans les monts Kandil, repaire du quartier général du PKK, dans le nord de l'Irak.

"Tout ce qu'ils font, c'est essayer de tromper le peuple kurde et l'opinion publique internationale", a insisté le président du KCK, organe de direction politique du PKK, qui est le numéro deux de l'organisation derrière son chef historique Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie depuis 1999.

Le gouvernement turc a multiplié au cours des derniers mois les consultations avec la société civile dans le but annoncé de préparer des réformes renforçant les droits de la minorité kurde, forte d'une quinzaine de millions de personnes habitant principalement le sud-est anatolien.

Les premiers détails de ce projet devraient être révélés dans une semaine, le 10 novembre, lors d'une séance de présentation au Parlement. Mais les rebelles kurdes affichent leur scepticisme.

"Il s'agit de réformes de façade. La mentalité est toujours la même: le refus de l'affirmation de l'identité du peuple kurde, le refus de le considérer comme un interlocuteur", a commenté M. Karayilan, dénonçant les "lignes rouges" établies par Ankara, comme le refus d'inscrire l'identité kurde dans la Constitution, le maintien en détention d'Öcalan et la poursuite des opérations armées.

"Les Kurdes ne pourront pas être libres tant que le leader de cette insurrection, Abdullah Öcalan, ne sera pas libre", a-t-il souligné.

Pour le chef rebelle, deux conditions sont nécessaires à une avancée vers la paix: l'arrêt immédiat des combats et le début d'un dialogue entre le gouvernement et les représentants des Kurdes.

"Nous avons confiance en notre leader Öcalan. Si le dialogue commence avec lui, le processus va progresser. Si on ne dialogue pas avec lui, on peut aussi parler avec nous", a-t-il dit, assurant qu'aucune négociation secrète n'avait pour l'heure eu lieu.

"Sinon, il y a un parti qui a été élu par le peuple et qui est au Parlement, avec qui (le gouvernement) peut aussi parler, c'est le DTP", a-t-il ajouté, faisant référence au Parti pour une société démocratique, principale formation prokurde de Turquie, menacée de fermeture par la justice pour des liens supposés avec le PKK.

Le gouvernement s'est toujours refusé à négocier avec les rebelles.

En l'absence de négociations, le PKK poursuivra sa lutte, affirme M. Karayilan, précisant toutefois que l'organisation ne fera usage de ses armes qu'en cas de "légitime défense".

"Quelle que soit l'intensité des combats, le peuple kurde est avec nous et nous pouvons continuer de résister depuis les montagnes du Kurdistan pendant des dizaines d'années", a-t-il assuré.

Le PKK a entamé en 1984 une insurrection visant à l'indépendance du sud-est anatolien. Cette revendication s'est progressivement muée en une demande d'autonomie régionale et de renforcement des droits culturels des Kurdes. Le conflit kurde a fait quelque 45.000 morts, selon l'armée turque.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.