
Vendredi 26 decembre 2008 à 16h04
ANKARA, 26 déc 2008 (AFP) — Plus d'un an après le déclenchement de ses premières opérations transfrontalières dans le nord de l'Irak, la Turquie reste décidée à "nettoyer" la région des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui y sont toujours retranchés.
"Le nord de l'Irak n'est désormais plus un sanctuaire pour les terroristes", a affirmé vendredi devant la presse le porte-parole de l'armée turque, le général Metin Gürak.
Avec les raids aériens, le PKK, mouvement séparatiste kurde de Turquie, "a essuyé d'importants dégâts" et le nombre des rebelles "fuyant" leurs camps est en augmentation, a-t-il estimé.
"Leurs moyens logistiques ont été sévèrement touchés et des dissensions ont été signalées entre les commandants" de l'organisation, a-t-il dit, sans toutefois donner de bilan des pertes dans les rangs du PKK. On estime que plusieurs centaines de ses combattants ont été mis hors combat.
Interrogée par l'AFP, une source gouvernementale turque s'exprimant sous le couvert de l'anonymat réaffirme de son côté l'objectif d'Ankara de "nettoyer" le nord de l'Irak du PKK. "Il ne serait pas réaliste de les anéantir tous, mais on sait que ces raids démoralisent beaucoup" les rebelles, déclare-t-elle.
Une visite du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki mercredi à Ankara a donné l'occasion aux deux pays voisins d'exprimer leur volonté de coopérer contre les rebelles kurdes de Turquie qui disposent de bases arrière dans le Kurdistan irakien, une zone de fait autonome et administrée par les Kurdes d'Irak.
La Turquie a longtemps ignoré ces derniers, les accusant de fermer les yeux sur les agissements du PKK. Mais elle a dû changer de politique à partir du début de cette année, notamment en raison des pressions des Américains qui occupent l'Irak depuis 2003 et dont les seuls alliés dans ce pays ont été les Kurdes.
Ankara a dépêché depuis plusieurs émissaires auprès du président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, dans une volonté de le reconnaître désormais comme un interlocuteur pour régler le problème du PKK.
Selon Ankara, environ 3.000 rebelles sont basés dans les montagnes du nord de l'Irak, d'où ils s'infiltrent en territoire turc pour y mener des attaques.
Le Parlement turc a donné son feu vert à des opérations en Irak en octobre 2007 et les premiers bombardements aériens ont commencé deux mois plus tard contre les cibles du PKK, notamment à Qandil, une place-forte des rebelles.
L'armée turque a aussi procédé à une incursion terrestre de quelques jours dans la zone en février 2008.
Les Etats-Unis sont opposés à de grandes opérations turques dans cette zone, qui est la plus calme d'Irak. Mais le gouvernement américain, qui, tout comme l'Union européenne, considère le PKK comme une organisation terroriste, ne pouvait rester sans rien faire.
En 2007, Washington s'était engagé, pour calmer la Turquie après des attaques rebelles meurtrières contre ses militaires, à fournir des renseignements satellitaires sur les mouvements du PKK.
Les opérations réalisées par Ankara n'empêchent toutefois pas le PKK de disposer encore d'un potentiel important en Turquie et en Irak.
Mercredi soir, trois militaires ont été tués et neuf autres blessés dans une attaque des rebelles dans la petite ville turque de Cizre, dans le sud-est anatolien peuplé majoritairement de kurdes, toute proche des frontières irakienne et syrienne.
"Vous croyez que l'on peut exterminer le PKK avec des bombardements, voilà 30 ans que les combats durent", s'est interrogé le député kurde influent du Parlement turc, Sirri Sakik.
"Il faut avant tout une solution pacifique et politique au problème kurde, ce n'est qu'alors que les rebelles déposeront les armes", a-t-il indiqué à l'AFP.
Le conflit kurde qui a débuté en 1984 a fait 44.000 morts en Turquie.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.