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La tension entre la Turquie et l'Irak embarrasse Washington


Mardi 9 octobre 2007 à 21h27

WASHINGTON, 9 oct 2007 (AFP) — La tension entre la Turquie et l'Irak, provoquée par la recrudescence des attaques des séparatistes kurdes en Turquie, embarrasse les Etats-Unis qui tentent vainement depuis des mois d'encourager la coopération entre deux de leurs alliés les plus importants dans la région.

"Je ne suis pas sûr que les incursions unilatérales soient la solution pour résoudre ce problème", a déclaré à la presse le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack.

"Cela fait des mois et des mois que nous disons qu'il est important de coopérer pour résoudre ce problème", a-t-il ajouté après la décision du gouvernement turc d'autoriser "si nécessaire" une opération transfrontalière en Irak pour neutraliser les camps du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui ont tué 15 soldats turcs ces derniers jours dans le sud-est de la Turquie.

Le porte-parole n'a pas proposé de solution nouvelle pour lutter contre les incursions en Turquie du PKK, qui selon Ankara se sert du Kurdistan irakien comme base arrière et y trouve un soutien financier et militaire.

"A notre avis, il n'y a pas d'alternative", a-t-il simplement déclaré. "Et ce n'est pas parce qu'on n'a pas trouvé la solution qu'il faut arrêter de chercher".

M. McCormack avait condamné lundi dans un communiqué les deux récentes attaques menées par le PKK. "La violence du PKK ne menace pas seulement la Turquie, mais sape aussi la sécurité et le bien-être de l'Irak", précisait-il.

Pour sa part, la porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino a jugé "hypothétique" de parler d'incursion turque dans le nord de l'Irak.

Elle a aussi réaffirmé le soutien de longue date des Etats-Unis à la Turquie "pour veiller à ce qu'ils (les Turcs) aient ce dont ils ont besoin pour empêcher les activités terroristes dans le nord de l'Irak".

Les Etats-Unis qui, comme l'Union Européenne et la Turquie, considèrent le PKK comme une organisation terroriste, tentent depuis des mois de faciliter une meilleure coopération entre les gouvernements turc et irakien.

La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, avait chargé en septembre 2006 le général à la retraite Joseph Ralston d'animer un groupe de travail tripartite pour encourager le dialogue avec les Irakiens.

Mais cet émissaire a démissionné depuis, a révélé mardi M. McCormack. "Pour ses propres raisons, il a décidé de passer à autre chose", a indiqué le porte-parole, qui avait éludé les questions au sujet du général Ralston la semaine dernière, lorsque des rumeurs sur sa démission avaient circulé.

Fin septembre, les gouvernements turc et irakien ont signé à Ankara un accord de coopération pour lutter contre le PKK mais il ne permet pas aux troupes turques de poursuivre les rebelles en fuite en territoire irakien, comme ce fut le cas dans les années 1990.

Cet accord a en outre été accueilli fraîchement par les autorités locales du Kurdistan irakien, qui disposent d'une large autonomie par rapport au gouvernement de Bagdad.

"Il aurait été beaucoup mieux de nous associer à la négociation ou que quelqu'un nous informe de la teneur de cet accord", a déclaré Falah Moustafa Bakr, chargé des relations extérieures au sein du gouvernement autonome kurde à Erbil (350 km au nord de Bagdad).

Les forces américaines déployées en Irak, déjà soumises à de fortes pressions dans le centre et le sud de l'Irak, ne souhaitent pas s'impliquer davantage au Kurdistan irakien, la région la plus stable du pays du fait de son homogénéité ethnique et de ses importantes ressources en hydrocarbures.

Mais Washington ne souhaite pas non plus perdre le soutien de la Turquie, son allié historique dans la région, qui abrite une importante base militaire américaine à Incirlik (sud).

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.