Page Précédente

L'armée turque mène une première opération en Irak, d'autres attendues


Dimanche 2 decembre 2007 à 13h31

ANKARA, 2 déc 2007 (AFP) — Après plusieurs menaces, la Turquie est passée samedi aux actes et a annoncé avoir mené une opération militaire transfrontalière en Irak contre un groupe de rebelles qui devrait être suivie par d'autres incursions restreintes, estimaient dimanche les experts.

L'opération limitée en envergure n'a pas fait l'effet d'une surprise en Turquie car elle était attendue depuis le feu vert des députés turcs, en octobre, pour des incursions.

L'aval du Parlement a conforté le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan dont le gouvernement était sous le feu des critiques de l'opinion publique et de l'opposition.

Depuis le nord de l'Irak, zone de facto indépendante et contrôlée par les Kurdes, alliés des Américains, où elle possède des camps et quelque 3.500 rebelles, l'organisation considérée comme étant terroriste par Ankara, Washington et l'Union européenne, s'est lancée, dans plusieurs attaques en Turquie qui ont mobilisé des centaines de rebelles lourdement armés.

Les attaques ont fait des dizaines de victimes, dont 12 soldats le 21 octobre, provoquant un vent de nationalisme en Turquie qui lutte depuis 1984 contre la rébellion du PKK qui a coûté la vie à plus de 37.000 personnes.

L'offensive diplomatique et militaire lancée depuis a commencé à porter ses fruits. Les Etats-Unis et les autorités de Bagdad, d'abord hostiles à une opération turque, semblent soutenir désormais le droit de la Turquie à se défendre contre les agressions rebelles.

Vendredi M. Erdogan a indiqué avoir donné une directive politique aux généraux deux jours auparavant pour passer à l'acte.

"Les Américains et les Irakiens ont compris que la Turquie allait agir d'une manière ou d'une autre. Alors ils ont fait le nécessaire pour limiter les dégâts", a estimé le journaliste Rusen Cakir, un expert du PKK, sur la chaîne NTV.

Il a souligné que des renseignements "en temps réel", promis par le président américain George W. Bush à M. Erdogan lors de leur entretien à la Maison Blanche, début novembre, avaient dû été utilisés pour mener l'attaque contre un groupe d'une cinquantaine de rebelles.

"C'est une première opération ciblée. D'autres doivent suivre", a souligné l'analyste.

Le vice-Premier ministre turc Cemil Ciçek a confirmé: "il peut y avoir une opération ou dix, cela dépend des conditions", a-t-il dit sur la chaîne 24.

La Turquie s'était gardée jusque là de rien entreprendre contre le PKK sur la demande pressante des Etats-Unis qui veulent préserver la stabilité relative du Kurdistan irakien.

L'opération turque de samedi impliquant des pièces d'artillerie et des hélicoptères ne correspond cependant pas à l'incursion de grande ampleur annoncée par la Turquie, membre de l'Otan, pour "nettoyer" le territoire des rebelles, comme celles menées avec des dizaines de milliers de troupes au sol dans les années 1990.

L'état-major de l'armée turque a annoncé samedi qu'il poursuivrait ses opérations à l'intérieur des frontières irakiennes, avec si nécessaire, des forces terrestres.

L'armée précise dans un communiqué que ces opérations ne visent que le PKK, pas les populations du nord de l'Irak ni les groupes locaux tant qu'ils n'afficheront pas d'hostilité à l'égard des troupes turques.

Un général à la retraite a indiqué à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que l'attaque turque aurait visé une position située à une vingtaine de km à l'intérieur de l'Irak.

"L'hiver n'empêchera pas d'autres opérations de ce type tant que des informations crédibles seront obtenues sur les terroristes", du PKK, a-t-il souligné.

D'autre part en Turquie, les opérations de l'armée contre le PKK se poursuivent sans relâche dans le sud-est anatolien, frontalier de l'Irak. Deux rebelles ont été tués samedi à Sirnak, a indiqué dimanche l'armée sur son site internet.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.