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Kurdes et Arabes prêts à s'entendre sur Kirkouk, les Turcomans réticents


Lundi 3 decembre 2007 à 15h49

KIRKOUK (Irak), 3 déc 2007 (AFP) — Les partis kurdes et arabes de la région de Kirkouk (nord) sont tombés d'accord sur une formule de division du pouvoir dans cette zone riche en pétrole qui pourrait ouvrir la voie à un référendum sur le rattachement de la province au Kurdistan irakien.

La troisième composante ethnique de cette région, les Turcomans, ont annoncé ne pas avoir approuvé cet accord.

Le président du conseil régional de Kirkouk, Razgar Ali, responsable de l'Union patriotique kurde (UPK) du président irakien Jalal Talabani a salué dimanche devant la presse cet accord "comme une étape positive vers le développement de Kirkouk et vers une coopération dans la prise de décision et le partenariat".

La province de Kirkouk, et sa capitale du même nom, qui compte un million d'habitants, sont peuplées par des Kurdes, des Arabes, des Turcomans et des chrétiens.

La constitution irakienne y prévoit un recensement et la tenue d'un référendum avant la fin de l'année pour déterminer le statut de cette zone, revendiquée par les autorités de la région autonome du Kurdistan irakien.

Le recensement, qui doit également établir la répartition ethnique de la population comme base de répartition du pouvoir, n'a pas commencé.

Il est rendu très difficile par des mouvements de populations susceptibles de changer la composition de l'électorat.

Des Arabes installés à Kirkouk à l'époque du régime de Saddam Hussein ont notamment été incités au départ par des offres d'argent ou par des menaces.

Des Kurdes chassés à la même époque sont, en revanche, revenus, grâce à des aides publiques, réclamer les terrains et les maisons qu'ils considèrent comme les leurs.

Les populations non-kurdes craignent qu'une forte domination des Kurdes, qui assurent représenter la majorité, ne conduise à leur marginalisation.

De leur côté, les Kurdes accusent les autres groupes ethniques d'user de méthodes dilatoires pour retarder le référendum.

Selon un membre arabe du conseil provincial, Rakan Said al-Joubouri, l'accord annoncé ce lundi donne à sa communauté une meilleure représentation dans les instances qui devraient être mises en place après de nouvelles élections locales.

"Pour la première fois, la charge de gouverneur-adjoint et celle de chef adjoint du conseil judiciaire nous seront attribuées", s'est-il félicité.

"Les fonctions seront distribuées également à hauteur de 32% entre les Kurdes, les Arabes et les Turcomans. Les autres 4% restants seront attribués au minorités, comme les Chaldéens et les Arméniens.

"Nous espérons que les Turcomans participeront", a ajouté M. Al-Joubouri

Pour le moment, le conseil régional qui compte 41 membres est dominé avec 26 sièges par les deux partis kurdes: l'UPK et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, président de la région du Kurdistan.

Les partis arabes ont six sièges et les Turcomans neuf.

L'accord prévoit également la fin des détentions illégales, "une exigence importante pour les Arabes qui ont été victimes des pires abus", selon M. Joubouri.

Les formations arabes ont boycotté depuis des mois les instances régionales, et les programmes de départ volontaire des populations arabes financés par la région ont eu peu de succès.

"Le problème de Kirkouk ne peut pas être résolu par le retour d'une seul partie, alors qu'une autre est ignorée", a réagi pour sa part Ali Mahdy, le secrétaire-adjoint du parti turcoman Eli.

"Nous demandons la fin des arrestations, et la fin de notre marginalisation. Et nous soulignons la nécessité d'adopter la langue turcomane comme langue officielle à Kirkouk", a-t-il ajouté.

La question est d'autant plus sensible que le grand voisin du nord, la Turquie, craint que le rattachement au Kurdistan de la région de Kirkouk, d'où sont extraits presque 30% du pétrole irakien, ne vienne renforcer le statut de mini-Etat indépendant de la province autonome.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.