Page Précédente

Kirkouk: l'ONU obtient le report du referendum


Lundi 17 decembre 2007 à 16h24

BAGDAD, 17 déc 2007 (AFP) — L'ONU en Irak a obtenu un report de six mois pour la tenue d'un referendum prévu avant la fin l'année sur la question controversée de la région pétrolière de Kirkouk (nord), revendiquée par les Kurdes, selon des sources concordantes.

Un plan de l'organisation internationale, qui prend ainsi l'initiative sur un des dossiers les plus épineux de la crise irakienne, prévoit un délai de six mois, mis à profit pour entamer le processus délicat de révision des frontières régionales, dessinées par l'ancien régime au détriment des minorités ethniques.

Le Premier ministre de la région autonome du Kurdistan, Nechirvan Barzani, a annoncé que son gouvernement avait accepté le report proposé par l'ONU.

"Le gouvernement de la région est en faveur de cette extension", a-t-il assuré à l'issue d'une rencontre à Najaf (centre) avec la figure religieuse la plus influente des chiites d'Irak, l'ayatollah Ali Sistani.

Et le Parlement du Kurdistan, qui a entendu lundi le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Irak, Staffan de Mistura, défendre son plan, devrait l'accepter prochainement, selon des parlementaires.

"Votre réaction devrait être dictée par la raison et non par la passion", a soutenu devant le Parlement kurde M. de Mistura. "Sinon, tout le monde en subira les conséquences".

Adnane al-Mufti, le porte-parole du parlement régional, a estimé que le plan de l'ONU était "positif". En s'adressant aux députés, il leur a lancé: "vous avez le dernier mot".

La constitution irakienne, dans son article 140, a stipulé qu'un referendum devait avoir lieu avant le 31 décembre 2007 pour décider si cette région riche en pétrole devait passer sous l'autorité du gouvernement du Kurdistan irakien autonome.

Mais rien n'est prêt, et les tensions ethniques à Kirkouk, que les Kurdes considèrent comme leur, sont telles que le Premier ministre Barzani avait décrit la ville comme une "bombe à retardement".

Kirkouk et sa province sont habités de Kurdes, d'Arabes et de Turcomans, dans des proportions mal connues. Une politique d'arabisation de Saddam Hussein a forcé à l'exil des dizaines de milliers de Kurdes, et a installé à leur place des populations venues d'autres régions de l'Irak.

Aujourd'hui, le retour des communautés chassées et le départ des familles alors installées créent une situation dangereusement volatile.

La mission d'assistance pour l'Irak (UNAMI) avait fait état récemment d'un accord entre les principaux responsables irakiens et kurdes pour repousser de six mois l'éventualité d'une consultation sur le statut de Kirkouk.

"Il a été indiqué à l'ONU que la prochaine étape la plus appropriée est de démarrer en janvier 2008 et pour six mois un processus de facilitation de la mise en oeuvre de l'article 140", avait indiqué un communiqué de l'ONU.

Les six mois de délai seront mis à profit pour instaurer, sous le contrôle de l'ONU, dans la région de Kirkouk, et ailleurs dans le pays, des mécanismes de réimplantation des populations, déplacées dans le cadre de la manipulation des frontières provinciales de l'ancien régime.

Aucun responsable irakien ou kurde n'avait par la suite fait de commentaire public sur le report du referendum, sujet hautement sensible.

Les Kurdes notamment ont fait de la tenue d'une consultation une condition claire de leur soutien aux gouvernements dominés par les chiites, en place depuis la promulgation de la constitution en 2005.

"Si rien ne se fait d'ici la fin de l'année --et rien ne se fera--, nous envisageons toute une série de scénarios catastrophe: le retrait du soutien kurde au gouvernement de Nouri al-Maliki; un +fait accompli+ kurde à Kirkouk, suivi de tensions avec les Arabes et les Turcomans, des manifestations kurdes à Kirkouk", avait averti un diplomate, sous couvert de l'anonymat.

"L'ONU a voulu arrêter la montre", a-t-il souligné en évoquant les efforts déployés par l'UNAMI pour éviter que la tension à Kirkouk ne débouche sur une crise plus grave.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.