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Kirkouk dans la peur après une attaque coordonnée de l'EI


Vendredi 21 octobre 2016 à 14h44

Kirkouk (Irak), 21 oct 2016 (AFP) — Le jour se levait sur la ville irakienne de Kirkouk quand Haider Abdelhussein, un professeur de 35 ans, a entendu des tirs. En ouvrant la porte de sa maison, il a vu dans la rue des jihadistes lourdement armés.

En quelques minutes vendredi à l'aube, de petits groupes de combattants du groupe Etat islamique (EI) ont transformé en zone de guerre cette grande ville située à 240 kilomètres au nord de Bagdad.

Les habitants ont été pris par surprise par une attaque coordonnée, l'une des plus spectaculaires commises par l'EI ces dernières années. Jamais, malgré sa conquête de vastes pans de territoires irakiens, l'organisation extrémiste n'avait occupé Kirkouk, une cité contrôlée par les Kurdes d'Irak.

Mais vendredi matin, en montant sur le toit de sa maison, un correspondant de l'AFP a découvert neuf jihadistes patrouillant dans la rue, grenades et fusils bien en vue.

L'attaque intervient cinq jour après le lancement par les forces irakiennes d'un vaste offensive pour déloger l'EI de Mossoul, deuxième ville d'Irak et dernier grand fief du groupe ultraradical.

Au moins cinq kamikazes ont fait exploser leurs bombes contre des bâtiments gouvernementaux de Kirkouk. Le quartier général de la police a été une des cibles principales mais les jihadistes ont aussi attaqué des check-points et des patrouilles, selon des sources de sécurité.

Un jihadiste a été tué avant de pouvoir faire détoner sa ceinture de bombes et d'autres se sont fait exploser quand ils ont été encerclés par les forces de l'ordre.

Certains sont entrés dans la mosquée Al-Mohammadi, dans le quartier où vit Haider Abdelhussein, et se sont mis à lancer des slogans de l'EI par les hauts-parleurs qui servent d'habitude au muezzin pour appeler à la prière.

Dans plusieurs endroits de la ville, immédiatement placée sous couvre-feu par les autorités, des combats ont éclaté entre les jihadistes et les forces kurdes.

- Choqués, effrayés -

Postés sur les toits avec leurs fusils d'assaut, des membres des forces kurdes tentaient d'abattre des jihadistes se cachant dans les bâtiments de la ville, située au coeur d'une région pétrolière.

Des tirs et des explosions pouvaient être entendus à travers la cité douze heures après le début de l'attaque, même s'ils semblaient plus sporadiques dans l'après-midi.

"Les rues sont vides, il n'y a personne, pas de trafic. Nous sommes tous très choqués et effrayés, nous essayons de fuir", a confié Itar Khalil, un étudiant à l'Université de Kirkouk.

"Le père de mon ami est venu nous chercher et nous tentons de partir pour Erbil", la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien située plus au nord.

Selon un premier bilan donné par les services de sécurité, au moins 12 jihadistes ont été tués dans les affrontements ainsi que six policiers de Kirkouk.

"Certains des corps sont encore dans la rue. C'est trop dangereux de les récupérer en raison des tireurs embusqués" de l'EI, a expliqué à l'AFP un colonel de police.

Selon des sources de sécurité, de nombreux jihadistes se sont retranchés dans l'hôtel Jihad, au centre-ville. D'autres ont choisi de s'installer dans une maison du sud de la ville, dans le quartier de Domiz, prêts à opposer une farouche résistance.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.